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(C) 96-01 Ecran Noir

 
Puzzle

Généralement lorsque le Festival de Cannes commence, on sait d'avance qu'on va se couper du monde, s'isoler dans ce bunker, ne pas sortir le nez dehors.
Et si on changeait? Un peu de plage pour rencpontrer les gens, des restos pour faire vivre le tourisme local, et puis surtout les jounraux pour se tenir au courant de l'actualité.
Certains films n'inspirent pas de chroniques ; cette année l'environnement, les relations familiales, la mort et son deuil, les guerres (intérieures et meurtrières) sont les thèmes de prédilections de cinéastes qui aspirent à un monde vert et qui voient tout en noir, essayant de s'apaiser à coup de grands paysages, de mers infinies, d'amours retrouvés.

Chaque film a pourtant son écho dans l'information. Moulin Rouge fait penser à l'absence d'Amélie. Par exemple. Paris est d'ailleurs une obsession, que ce soit chez Oliveira, Dupeyron, Godard, Ming-Liang...
Voici quelques idées qui traversent la tête après 10 jours de festival...

* Pau et son frère; la langue catalane me fait penser à ce combat darrière garde opour la langue corse. Pourquoi en faire un débat national puisque le Corse ne sera appris qu'aux corses, et ne se répandra pas dans les écoles. Il s'agit tout juste d'un dialecte, parlé par peu de gens. Le catalan et d'ailleurs le film de Recha montrent à quel point une langue non comprise exclue les peuples.
* Distance comme Desert Moon illustrent un Japon en mutation, qui se sent menacé, qui espère sauver son écologie, mais qui subit le malaise d'une société trop matérialiste. Cette peur du progrès est justifiée. Si tout le monde s'extasie sur l'oeuvre de Lanzmann à propos de la Shoah, il faut noter aussi que H Story est une version japonaise de Hiroshima mon amour. Hiroshima et Nagasaki ce sont les deux tragédies les plus marquantes du siècle dernier, car elles nous ont montré à quel point nous pouvions être exterminés, en un instant. On comepnse avec l'oubli et la futilité. Pendant ce temps les Américains révisent l'Histoire et racontent un Pearl Harbor aussi peu historique que crédible.
* La guerre est d'ailleurs présente dans tous les esprits. Celle d'Apocalypse Now comme celle de 14-18 dans le magnifique La Chambre des Officiers. Révélateur. La France ose raconter une victoire des poilus. L'Amérique préfère analyser sa défaite. Pendant ce temps, on avoue enfin les tortures en Algérie. A quand un film réussi sur cette guerre sans nom. Et qu'on cesse de brocarder mitterrand. Un certain De Gaulle avait tous les pouvoirs... encore de la désinformation dans l'air.
* Kandahar est le reflet de la souffrance des femmes afghanes. On ne parle pas beaucoup des Talibans, sauf quand ils mutilent des statues. C'est dommage que les êtres humains comptent moins.
* Le FBI a mal fait son boulot et Tim McVeigh sera exécuté plus tard. On parle de webcams, de retransmission TV. A côté Loft Story est une sitcom gentillette. Les Frères Coen filme une chaise électrique. Un condamné à mort. On ne juge pas ou on juge mal aux Etats Unis. Ca ne sert à rien, mais ca rassure les électeurs de Bush et même la plupart de ces habitants des Etats Unis (comme dirait Godard dans Eloge de l'amour) qui n'ont pas de noms (les étatsuniens?) et qui se croient encore aux temps des cowboys.
* Roberto Succo fait écho à un terrible fait divers dans la banlieue d'Evreux; un taré à tiré sur un flic. Comme Succo, il se sera tué en prison. La police proteste contre le film. C'est inutile. D'autant que Kahn n'héroïse pas son personnage. Ce n'est pas pire que la plupart des productions hollywoodiennes faisant l'éloge de la violence.
* Taurus nous rappelle le crépuscule de Lénine. Poutine est toujours vivant et baillone les médias. Retour à l'ancien temps avec un Bush qui se prend pour Reagan et un Poutine qui se croit Brejnev.
* La Chambre des Officiers est un miroir déformant à toutes ces starlettes, ces visages refabriqués par la chirurgie, ces bimbos sur la Croisette, ces Loana fantasmées : il rend beau la laideur, et enlaidit les cons.
* Finissons par La Chambre du Fils. Il n'y a qu'un film simple très réussi. Pas de métaphore. Mais osons la quand même. Ce jour là Berlusconi prenait le pouvoir. Un deuil pour la démocratie. Inacceptable pour un pays civilisé. Les jeux concours et le strass auront gagné sur la raison et la politique. On peut tout acheter, sauf l'amour. Sauf la vie. Moretti regrette son fils comme il doit regretter son Italie de gauche, sa démocratie. Elle s'est noyée. La culture est ébréchée.

Et là bas quelle heure est-il? On se sent décalé à Cannes. Même quand on n'abuse pas des soirées...

VCT