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(C) 96-01 Ecran Noir

 
Les élans du coeur

L’amour est universel, éternel, un idéal à atteindre, à trouver, qui nous tombe dessus. Tout a été dit, chanté, écrit, filmé, peint. Tout et tout ce qui reste à venir. L’amour existera au delà de notre propre existence. C’est un sentiment d’absolu qui nous permet de vivre, d’espérer parfois, de croire, et surtout de ne pas penser à la mort.
L’amour c’est un sujet casse-gueule. Encore plus au cinéma. Il se mélange à un genre : comédie romantique, drame, suspens, épopée historique, passion immortelle, polar... Il y a toujours une femme fatale qui se réserve pour un vieux lion solitaire. Une Bacall pour un Bogart ; ou un Tracy pour sa Hepburn.
L’amour est au coeur de tous les films. Et le film qui fera battre nos coeurs devient inoubliable, comme une personne qu’on aime.
Mais qui a éprouvé un tant soit peu le sentiment amoureux sait à quel point l’Art n’égale jamais la vie. Le 7ème Art ne sera que l’infime reflet de notre vécu. Les mots ne suffiront pas. La musique nous emballera sans nous envoler. Les images susciteront peut-être du désir (certains films ont pour mission de provoquer le plaisir), mais seront bien en deça d’un vrai geste, d’un regard troublant, ou d’un sourire désarmant.
Le Moulin Rouge est à deux pas de chez moi. Autant il m’est facile de comprendre l’imagerie d’Epinal de Luhrmann, autant la relation amoureuse entre ses deux protagonistes sont loin de correspondre à une véritable histoire d’amour. Bien sûr, le cinéma peut retransposer des actes, inventer des défis, traduire des pensées, imaginer des preuves (paraît-il qu’il n’y a pas d’amour mais que des preuves d’amour). Mais, dussé-je contredire Truffaut, la vie est bien plus forte que le cinéma, bien au dessus.
Jamais le meilleur des films sur le sujet ne vous permettra de comprendre l’amour. Ce n’est pas interactif. Et la réalité virtuelle a ses frontières, celles du réel.
Le cinéma est un miroir à fantasmes. Il n’est en rien et ne doit pas être un reflet exact de la réalité. En cela il faut mieux voir un Baz Luhrmann qu’un film ayant une emprise dans le quotidien sordide de gens comme vous et moi. L’Art est fait pour nous dépayser, nous emporter loin ailleurs, nous émouvoir. Pas pour nous rappeler nos misères et nos pathétiques soumissions ou compromissions.
Pour le comprendre, il faut avoir connu le grand amour, le vrai, celui dont on se souvient à jamais. On se désole souvent de deviner une frustration sexuelle, sentimentale ou amoureuse en lisant certains critiques, amers, aigris, cherchant un poil de nudité pour que le film les fasse bander. Et c’est la même chose en littérature, en danse, ...
C’est pour cela aussi que la critique est de moins en moins lue, rendue crédible. Les gens ne se reconnaissent pas dans la méchanceté gratuite ou l’exaltation puérile.
Il faut une fois pour toute se dire que si l’on veut faire battre la chamade à son coeur, vivre la plus grande aventure émotive de sa vie, il ne faut pas aller au cinéma mais bien sortir et rencontrer des gens. Et celui ou celle que vous aimez vous accompagnera pour partager une bonne séance, des souvenirs, un morceau de votre vie.
Qu’on ne me parle plus d’amour au cinéma, c’est le plus factice des effets spéciaux. C’est souvent autre chose qui nous fait rire, pleurer, hurler, bondir, serrer les poings... tout ce qu’il y autour de ces fausses histoires d’amour.
Pour le reste, je vous conseille d’imiter le baiser interminable de Cary Grant à Ingrid Bergman dans Notorious ou encore la douceur compréhensive de Mitchum pour La fille du Docteur Ryan... les exemples sont nombreux, sous tous les angles.
Mais pour que l’élan soit complet et vous mène au septième ciel, rien ne vaut d’embrasser nous même la personne qu’on aime. Un film ça peut s’analyser, c’est un processus de création complexe. Un amour c’est avant tout une histoire unique, chimique, organique, ... magnifique.
Votre plus beau film, votre plus belle histoire d’amour, c’est vous, c’est la votre.

VCT.