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  Elephant de Gus VAN SANT

  Carandiru de Hector BABENCO


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Le retour du Je(u)di

Où comment j'ai été obligé, moi, Samy-le-rebelle, de monter les marches...

8. Puis 12. Chaque pas compte. Ils valent de l'or. De la notoriété. Chaque piédestal est compté. 20 au total. 20 marches. Une éternité et deux minutes. Plus ou moins. Plus vous êtes connus, plus vous avez un produit (vous-même ou un film) à vendre, plus cela prend du temps. Le temps d'une bande annonce. On m'a proposé de les monter. On est un con, me disait ma prof de français. En l'occurence, on c'est mon agent-que-j'aime et qui ne pense qu'à lui. Quelle idée de les monter! Comment clamer "L'ai-je bien descendu?" ainsi? Mon agént était arrivé la veille pour négocier son pourcentage sur mon pourcentage en cas d'OPA probable et slighlty hostile sur mon scénar. "Va voir les Invasions Barbares." De quoi faire une tête de "baboune" comme on dit au Québec. J'y ai été. Forcé. D'habitude c'est plutôt l'agent la menace. Pour me faire venir ici par exemple, j'avais le choix entre deux semaines à Cannes et un mois à Pékin. Là il a plutôt été maître chanteur. Très di^plomate, très docte, ce très diplomé m'a mis le plagiat sous la gorce : "tu montes les marches ou je donne le script à Besson!"

J'ai noué le papillon (pas pourpre), mis mon plus beau caleçon et je ressemblais à un con. De ceux quie je vous ai décrit depuis une semaine.
Une fois en haut de cet himalaya rouge (Madame Cayla, vous avez le bonjour de mon ami Bernard Michel), surplombant la foule qui s'en foutait , je suis aller m'assoir. J'ai regardé. J'ai rigolé. Bonne fut la soirée : enfin une standing ovation à Cannes cette année. "I feeeeel good!" comme chantait l'autre. Ces brbares bavards m'ont réjouit la barbouille à la manière d'un bouddha heureux.
Je ne suis pas rentré bredouille. Une comédienne canadienne, Mariethé, blondissime et sublime (et même intelligente), me fit passer une nuit volcanique. Elle pourrait jouer quel rôle dans mon polar? La femme fatale? Celle vêtue de rouge... Si j'écris pour le cinéma c'est pour imaginer de très belles femmes avec de très beaux hommes. Loin du métro boulot dodo ou des bobos endimanchés coincés. La baise c'est le bonus pour les scribes que nous sommes. Une monnaie d'échange entre singes.

Le 7ème ciel avec quelqu'un qui a touché au 7ème art c'est comme approcher l'Olympe et ses habitants. Durant un court instant vous ne faîtes plus l'amour à Zhang Ziyi mais à l'un de ses personnages fictifs.
Jamais, par exemple, je ne me ferai sucer par Chloë Sévigny. Elle pompe mal le Gallo. Pompe funèbre aurait dit Arcand. Elle pipe comme si elle simulait une actrice X des seventies. Fellation baclée. Un cauchemar. C'est comme si on ratait un broutte moquette!
J'ai ajouté une scène de partouze dans mon polar : deux gars et deux nanas, x possibilités. Au réalisateur d'avoir un peu d'imagination. Sinon il demande à Eric, mon animateur radio préféré. Pour la TV et la version US, on coupera le plus explicite. Pour le DVD on en fera un plan séquence de toute beauté. Le cul ça fait vendre parce que ça donne envie de payer une place de ciné, parce qu'avec un bon mouvement de caméra et quelques bruits suggestifs, ça fait bander. Ou mouiller. C'est pas plus compliqué que ça. Triquons mes frères! Déformons nos pantalons. N"ayons pas honte. Assumons.
Hier j'ai choisi entre boire et baiser. Pas mal de rosé et un bol de thé vert. Comme dirait Irving dans L'épopée du buveur d'eau, avoir envie de pisser ça fait bander plus longtemps. Le thé vert a des vertus amincissantes (si vous écoutiez mon ami Eric à la radio, vous le sauriez) et le rosé ne donne pas la migraine le lendemain. Sauf quand les mouettes vous hurlents leur cri strident sur votre balcon.

Cannes ext un sexodrome cosmopolite. Rares sont ceux qui sont fidèles à leurs maris, femmes ou amants. Tous les gôûts sont dans la nature : on se sert selon le menu. Dans Amélie Poulain, nous apprenions qu'une vingtaine de couples parisiens ont un orgasme simultanément. Extase ou hoquet. Elargissons la théorie à la planète entière. 20 à Paris, cela donne 3000 fois plus dans le monde. 60 000. C'était la journée rattrapage en calcul mental (pour combler les profs en grève). Ma théorie débile et dérisoire c'est qu'avec 60 000 secousses orgasmiques dont la plupart concentrées à Cannes (avec le Gallo, le défilé de maillots, les décolletés de Sagnier...), nous avons tremblé de toute cette éruption de foutre. Cela a eu une conséquence tragique de l'autre côté de la mer.

Il y a un scénario catsatrophico-comique à imaginer. Mais Cannes apparaît ce matin comme dérisoir. Une foire du désespoir. 6.9 sur l'échelle de Richter à Cannes, cela ne consolera pas les Algériens, les pneumopathiens, les prisonniers cubains, ou même les pauvres vaches folles canadiennes.
Ce matin, mes yeux étaient explosés de fatigue et d'images. L'homme sans visage que j'étais. Quelques glaçons répareront ça.

(à suivre)



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