Matrix a débarqué. Samy a du mal à se remettre de ses premières émotions. Il a passé la nuit à modifier son script...

Premier réflexe après Matrix Reloaded : téléphoner à Joel Silver pour qu'il lise mon scénario. Le stagiaire-standradiste de la secrétaire de l'adjoint de son assistante m'a informé qu'il était "very busy to overlook the firework".
Jeudi. Ce jour-là fut un feu d'artifice de pétards mouillés (y a l'étincelle mais pas l'explosion) question films. En voyant la production XXL de la Warner, j'ai été frappé par un éclair de lucidité - cette rare clairvoyance irrationnelle qui vous nettoie les neurones comme si j'avais bu un Glenfiddich au vanille coca. Cannes est l'un des plus beaux programmes de la Matrice. Plusieurs films téléchargeables. Des badges ou des mots de passe un peu partout. Des dossiers partagés ou protégés. Des bimbos pour les soirées solo. Et quelques upgrades...

Le techno-flop est sans doute la salle de presse pour les journalistes-à-portables : connexions sans fil (type WiFi) obligatoires pour détenteurs de PC. Les possesseurs de Mac sont priés d'arrêter la résistance à Bill Gates et Intel. Force de vente ou vente forcée? En tout cas, d'office, les anonymes Agent Intel vous installent le programme dans votre second-moi. Premier bug...
Le gestionnaire de photos ne semblent pas au point. Un comble. Une mise au point s'impose. Les mitrailleurs se propagent tels des virus dans la salle de presse réservée aux avatars qui écrivent.
Mais surfons plus loin. La Croisette. Beau décor virtuel : palmiers, plage, soleil, terrasses de café, jolies femmes, beaux garçons. Il y a pire cauchemar pour nous couper de la réalité. Seuls les yeux des cinéphiles font croire que nous sommes des morts-vivants. Zombies déguisés en pingouins ou touristes. Selon. La drogue est efficace. Difficile de recharger les batteries après de si courtes nuits. On n'a plus le temps de rêver!

Ma trique reloadait déjà en voyant Bellucci et Moss. Mais les ex-Top models ne sont pas libres. Il y avait bien les jumeaux albinos. Sans maquillage, ce sont de beaux éphèbes blonds, nourris de lait et de soleil. De véritables héros de productions Falcon ou Bel Ami.
Matrix sonne la charge : le film nous démontre même que tout ce que l'on voit est virtuel. Pourquoi le croire?

Il y a quelques années, j'avais rencontré Monica Bellucci, en réel. Enfin, je crois. A ma décharge, j'étais conquis par elle. Vous n'avez jamais vu plus belle. Il faut juste qu'elle arrête le mélange des genres en public : enlaçant ses voisins de table à l'italienne, réfléchissant intelligemment comme une française, et répondant idiotement avec la langue (limitée) anglaise. Enervante. Déjà qu'elle est sublime...
Y a pas photo avec les jeunes européens de Nice People. Pas loin d'ici, un troupeau de poupées formatées et handicapées intellectuellement servent de bêtes de foire. Une Matrice dans la Matrice. Vertige du virtuel. Ca vous vide le cerveau. La TV vous avale comme les machines vous sucent la moelle. Nous revoilà esclaves ou animaux. Au moins, à Cannes, point de barreaux ou de chaînes. Les films nous en évadent. Extase sans Ecstasy. Pas besoin de choisir entre la pilule bleue ou la rouge. Perso, j'aurai adoré tester le mélange des deux et vivre une Las Vegas Parano.

Dans ce déluge de numérique (cellulaires, ordis, caméras) où ces 1 et ces 0 interagissent sur notre biochimie, des "firewalls" se sont "pluggés". Un programme nommé Média veut défendre l'idée (l'identité?) d'un cinéma européen. Virtuel?
Je vais donc proposer à Silver mon script avec subventions garanties - tournage à Prague, casting cosmopolite, montage financier digne d'une holding du Luxembourg - et quelques placements marchandises (L'Oréal pour l'actrice Indienne, les slips Eminence pour Bigard). Et je rajouterai une scène de kung fu dans un hélico un 14 juillet, au dessus de Paris, avec la Patrouille de France en guests.

Tiens on m'appelle.
"- Samy...?
- Oui...?
- C'est Monica.
- (glurps). Bongiurno Monica. Come va Vincent? E Guillaume?
- Multo bene.
- Tu sais, tu étais grandiosa, bellissima, starissima à la conférence de presse...
- Ah si?
- Tu sais, j'ai écrit un polar..."

(à suivre)