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  Elephant de Gus VAN SANT

  Carandiru de Hector BABENCO


festival-cannes.com

 

 
 
Les fleurs du mâle

Le premier jour de mes aventures cannoises est composé d'un bouquet de fleurs qui foutent le spleen...

Quel doux poison. A vous faire pousser une jungle dans la main. Loin des grèves, des manifs, des bombes et de la pneumonie, même si tout cela nous menace! J'ai tout oublié en admirant Aishwarya Rai. Je me suis demandé si je n'allais pas changer le personnage féminin de mon scénario en Shéhérazade du Taj Mahal. Comme mon script le vaut tout aussi bien qu'une marque de shampoing, elle accepterait sans doute.
Mais mon scénar ne semble pas dans l'air du temps. La BD semble plus tendance : on nous annonce Les Daltons, Les Pieds Nickelés, Blueberry. Et même Depardieu en San Antonio! Mon polar black-blanc-beur fait tache (de vin) dans ce concert de bulles.

Rien ne s'est arrangé avec Fanfan, putain de remake à vous faire tourner votre absinthe. J'ai peur que mes dialogues soient trop complexes. Il n'y a qu'une participante à Motus pour connaître le mot "blickford". A l'époque de Gérard Philipe et de Gina (pardon Santa Monica et Soeur Penelope), la langue de Jeanson avait une autre gueule. Les starlettes aussi, d'ailleurs. C'était moins vulgaire! C'était du pur chic avec la montée des marches en pleine nuit. Dans le noir, les diamants brillent...
Certains ternissent à force de ne plus vivre. Certains rêvent d'un nouveau De Gaulle, voire d'une France droite dans ses bottes et pétainiste dans ses votes. La CGT fait croire que notre système social de la Libération est toujours le meilleur. On refuse que les temps changent. Comme les badgés blancs font toujours les blasés râleurs.

Mais passons, ça m'a valu ma première cuite du Festival. Quand j'ai vu Pascal Sevran, réac de gauche et poujadiste, appeler les idées de Le Pen de simples "appréciations bourgeoises", mon sang n'a fait qu'un tour, de quoi rendre le vin vinaigre. Banalisons. D'ailleurs, ses émissions sont d'un blanc impeccable. Mieux qu'une lessive dont se moquait Coluche.
Si je veux plaire à tout le monde, il faudrait que je réécrive mon scénario. La provocation n'est qu'un dérivé dilué de scandale ou de sensationnel : vide de sens. Desproges est au Panthéon. Et seul Dieudonné choque et agit. Effroi.

Voilà pourquoi je n'écris pas pour la tévé. Elle abrutit l'homme. Le cinéma essaie de l'élever, de l'enrichir (surtout les producteurs, si l'on compte bien). J'attends que Bardot aille parler au cochon dans la villa de Nice People. Entre porcs, ils se comprendront!
On agresse nos émotions pour mieux manipuler nos restants d'idées. Je me verrais bien jouer les Fanfan face à Sevran, Bardot et autres nostalgiques d'une France nauséabonde. Boycottons les pastilles Vichy, l'eau de Vichy, les robes à petits carreaux aussi!

Fogiel a flingué Bardot. En direct. Rollerball n'est pas loin. Bardot, absente du dernier montage de Gilles Jacob (Les Marches, etc...). Elle n'est pas Marylin. On ne méprise pas Le Mépris. Ane(sse) bâté(e). BB a trahi tous ceux qui l'ont aimés. Elle est une simple Barbie (la poupée, par l'autre), égérie porno des fifties, bonne à faire éjaculer les mecs en mal d'imagination.
Il faut être vulgaire pour faire de l'audience. Je vais peut-être aller voir l'agent de Bigard et chercher une BD libre de droits pour mon prochain script. Là, je dois aller prendre un verre en terrasse avec Elsa Zylberstein. Elle voit des anges dans son dernier film. On va discuter de leur sexe...

(à suivre)



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