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Production : Participant productions, Paramount Classics
Réalisation : Davis Guggenheim
Montage : Jay Cassidy, Dan Swietlik
Photo : Bob Richman, Davis Guggenheim
Format : documentaire
Distribution : UIP
Musique : Michael Brook
Durée : 98 mn

 

Al Gore : lui même

 

festival-cannes.com
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Une vérité qui dérange (An Inconvenient Truth)

Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 11.10.06

Conférence de presse du samedi 20





Ce n'est pas le premier film a évoqué les conséquences écologiques de notre mode de vie. Nombreux films hollywoodiens ont abordé l'environnement sous un angle juridico-médiatique (Le syndrome chinois, A civil action, Erin Brockovich) ou même catastrophique (Le jour d'après).
Là nous sommes dans genre différent. Politique et pédagogique, documentaire et reportage, ludique et prophétique.
Rappelons qui est Al Gore, star de ce film; était le Vice-Président des Etats-Unis d'Amérique durant lère Bill Clinton. Il a gagné l'élection présidentielle américaine en nombre de voix en 2000, mais par un subterfuge juridico-institutionnel, George W. Bush a raflé la mise. Al Gore s'éclipse "définitivement" (?) de la vie politique. C'est la fin des idéalistes : Blair commence à se compromettre, Jospin change de gouvernement pour aller dans le mur, Schroeder copine avec Poutine... Lucide, Gore avoue : "Je suis un homme politique en convalescence" mais "Il faut se méfier des rechutes."
Car il ne désarme pas. Grand apôtre des nouvelles technologies (et utilsateur fréquent), il prend la route et fait sa tournée où le show consiste à expliquer ce qu'il se passe, ce qu'il va se passer d'un point de vue climatique. 1000 dates plus tard, dans les écoles, les salles de conférences et autres événements thématiques, le show d'Al Gore intéresse des producteurs hollywoodiens. Notamment Particpant productions, très à l'affût de ces sujets politiques avec Good Night and Good Luck et Syriana, notamment, dans son catalogue. L'idée était d'augmenter l'auditoire, grâce au cinéma. Jeff Skoll (Participant prod) s'explique : "Al présente les faits d'une manière originale, fascinante, divertissante et terrifiante. Son but est clairement de sortir de la politique partisane. Il nous dit : "voici la situation telle qu'elle est, et maintenant, si nous voulons y remédier, il va falloir réunir des gens de tous horizons.""
Après avoir gagné la confiance du politicien, ce dernier a commencé à dévoiler tout son itinéraire, ses anecdotes, ses traumas. La critique française trouvera ainsi la partie intime superflue, alors qu'elle est semble évidente aux américains, qui n'en attendaient pas tant pour que Gore fende l'armure. De même les bourdieusiens ne supportent pas la vulgarisation scientifique du propos, l'assommoir des chiffres slogans qui font mal... Le spectateur moyen préfère être impressionné.
Pour cela il fallait quelqu'un qui maîtrise la propagande visuelle contemporaine. David Guggenheim, réalisateur de Fausses rumeurs, producteur de Training Day, derrière la caméra d'Alias, The Shield, 24h chrono, a été primé pour son travail de producteur / réalisateur de la série Deadwood. Il avait aussi tâté du documentaire avec un diptyque sur le manque cruel de professeurs et la difficulté du monde éducatif. Pour le reste il s'aida de la présentation multimédia du Professeur Gore.

928 études scientifiques corroborent le réchauffement, aucune ne le conteste (de 3 à 9 degrés en plus pour le siècle à venir si nous ne faisons rien). 53% des articles de presse met en doute ce même réchauffement. Cherchez l'erreur. Il invite le cartoon Futurama ("Crimes of the Hot") à faire une présentation ludique du réchauffement planétaire. Le film est devenu un "véhicule" pour le Vice-Président. Des partisans se prennent à espérer qu'il sera de nouveau candidat en 2008.
Mais en a-t-il envie? Depuis des années, il parle de "désintermédiation", pensant que les gens ont besoin d'un contact de plus en plus direct avec le decideur, que les intermédiaires, en masse, créent une pensée unique, dangereuse pour l'humanité et même pour le système démocratique. Il préfère ainsi jouer le missionnaire même dans des pays qui lui sont hostiles et qui refusent de signer le protocole de Kyoto, comme l'Australie. On le voit dans le film en Chine. Il vient souvent en Europe. Et la Californie a récemment rejoint un important groupe d'Etats et de villes pour faire mieux que le protocole parait-il inapplicable dans des économies en croissance. Depuis sa défaite, Gore a investit dans une télévision alternative, un fond d'investissement, et a siégé au conseil d'administration de Google. Il a bénéficié d'un lancement médiatique impressionnant pour la sortie du documentaire aux Etats Unis. Dans Entertainment Weekly, il rectifiait : "Rintintin était une star de cinéma. Pas moi." Avec 24 millions de dollars au Box Office, Une vérité qui dérange a été l'un des succès surprises de l'été, et il est toujours en exploitation. Il semble le favori pour l'Oscar du meilleur documentaire. Il a attiré autant de spectateur que Bowling for Columbine, et se classe derrière Fahrenheit 9/11 et La Marche de l'empereur en terme de recettes en Amérique du nord.
De sa conviction il espère convaincre. C'est l'unique objet de sa participation à ce projet cinématographique. "Le déni commence à céder du terrain, mais une prise de conscience collective de l'urgence et de la gravité de la situation pourrait nous amener à penser que la crise est d'une ampleur insurmontable. Or, il existe des solutions. Une seule chose manque : la volonté politique, mais c'est une énergie renouvelable!"
Déjà auteur du best-seller Earth in the Balance : Ecology and the Human Spirit (1992), il publiera l'an prochain Un assaut contre la raison. Livre programme?

v.



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