Production : Salter Street Films / Dog Eat Dog Films
Réalisation : Michael Moore
Scénario : Michael Moore
Montage : Kurt Engfehr
Son : Francisco Latorre et James Demer
Musique : Jeff Gibbs
Durée : 2h00

Marilyn Manson
Charlton Heston

Festivalcannes.org
Le site officiel de Michael Moore
Le site Dog eat dog films 
 

Bowling for Columbine

USA / 2002 /
Sélection officielle - compétition /Présenté le 15 mai 2002

Avec plus de 10 000 meurtres par arme à feu chaque année, les Etats-Unis détiennent le triste record mondial d’homicides et d’agressions diverses au quotidien. Par ses investigations, Michael Moore tente de cerner les facteurs qui poussent la population américaine à se retrancher dans la violence.

Michael Moore n'en est pas à son premier coup d'essai en matière de lutte pour la bonne cause. Dés l'âge de 18 ans, son goût pour la défense des droits d'autrui le pousse à prendre des responsabilités dans la fonction publique. Son chemin de croix contre l'ultralibéralisme américain qui se concrétise par ses écrits et ses films lui apporte très vite une reconnaissance populaire, des récompenses multiples et pas mal de procès qu'il gagnera inavariablement.
Son dernier livre Stupid white men... connut quelques difficultés pour paraître, compte tenu des événements du 11 septembre. Son succès fut finalement considérable (+ de 400 000 exemplaires écoulés). Il fallut aller chercher des capitaux canadiens pour envisager la production de Bowling for Columbine. La NRA profitant de ses ramifications pour tenter de bloquer le projet aux Etats unis.
Marylin Manson qui apparait dans le documentaire est aussi considéré à sa façon comme un pourfendeur du conditionnement "moral" imposé par le système américain. Si le rocker gothique est souvent taxé dans sa démarche d'opportunisme et de manque de finesse, tel l'arroseur arrosé, ses prestations musicales sont régulièrement associées à des faits divers pour incitation à la violence.
 

DROWN IN THE USA

« Happiness is a warm gun »

Et si le documentaire de Michael Moore était tout simplement le plus terrifiant des films d’épouvante qu’un scénariste puisse imaginer? Point de chimères ici, le reflet de notre monde moderne que nous renvoie ce brûlot se reçoit littéralement comme un direct dans l’estomac. Selon les pays dans lesquels il trouvera l’opportunité d’être distribué, son impact sera modulé par l’état de dégradation plus ou moins avancé du tissu socio culturel local.
Aux USA, le film pourrait servir de sérum anti poison à injecter de toute urgence à un malade en proie à une morsure envenimée et abêtissante qui paralyse déjà partiellement sa conscience. En France le cri d’alerte de Moore fera office de vaccin préventif, alors que les médias nationaux, toujours un œil tourné vers les recettes miracle et rentables de leurs confrères d’outre atlantique, ont commencé l’exploitation des bas instincts du public convertibles en euros, en jouant avec nos peurs primaires à grand coup de pseudo informations spectaculaires et autres reality show dégradants. Les gens ont peur, ils se sécurisent, tombent dans l’excès et font glisser l’Europe vers l’extrême, la France ayant été rejointe bien vite par les Pays Bas dernièrement.
Le sujet en lui même est donc brûlant d’actualité, il ne pourra pourtant justifier à lui seul l’énorme respect qu’inspire l’activiste au grand cœur Michael Moore. La sincérité et la simplicité désarmantes avec laquelle il mène ses investigations, lui permettent d’être adopté de tous. Pédagogue, l’homme connaît ses médias sur le bout des doigts, il sait que son travail de sape peut porter ses fruits si ses théories sont tenues à la plus grande des clartés, n'autorisant aucune récupération malencontreuse. Aussi, il n’hésite pas à avoir recours au cartoon, à la culture pop (des Beatles à Marylin Manson), pour illustrer ses exemples, jongle avec les images choc qu’il fustige lui-même avec une habileté telle que jamais celles ci ne se retournent contre son propos. Michael Moore réfléchit avec le spectateur, l’accompagne plus qu’il ne lui inflige une leçon, n’hésitant pas à revenir sur ses hypothèses pour mieux embrayer sur une autre solution plus convaincante. Non content de descréditer la NRA, le trublion se paye même le luxe de réapprendre aux gens à réfléchir, à construire un raisonnement en remettant en cause ce qu’ils contemplent sur l’écran. Bref une guerre à l’image par l’image. Avec Michael Moore, ne laissez plus les écrans troubler vos esprits.

  (C)Ecran Noir 1996-2002