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Antiviral

Certain Regard
USA / sortie le 21.11.2012


GRAND CORPS MALADE





"Les stars ne sont pas des gens mais des hallucinations collectives."

Le talent n'est pas héréditaire, mais parfois, par chance, il se transmet quand même de père en fils, permettant � Brandon Cronenberg de marcher sur les traces de son père (première époque) en réalisant un premier long métrage brillant et cérébral. Une œuvre assez inclassable qui ne laissera personne indifférent. � Cannes o� il a commenc� sa carrière (avant de gagner le prix nouveau talent du cinéma canadien au Festival de Toronto), certains ont d'ailleurs trouv� le film, et son concept de départ, grotesque et caricatural.

Pourtant, il faut voir Antiviral comme une parabole sur une sociét� aseptisée et bien propre sur elle qui dissimule dans les tréfonds de son âme les pires vices, et notamment la tentation d'attribuer une valeur marchande � tout. Dans le cauchemar glaçant imagin� par Brandon Cronenberg, le consumérisme et le star système ont en effet atteint un paroxysme qui leur permet de s'allier pour vendre un rêve désormais dégénér�, trivial, morbide. La question n'est pas d'y croire, mais d'y voir le reflet de notre époque o� le profit l'emporte sur toute éthique, et o� le besoin d'identification avec des idoles, quels qu'ils soient, ne connaît pas de limites. Ce vampirisme moderne, purement symbolique, s'incarne même concrètement dans le film, o� cellules de peau, sang ou virus suffisent � peine � satisfaire l'appétit des fans.

A l'image du personnage principal, interprét� par le totalement hermétique, et absolument angoissant, Caleb Landry Jones, la sociét� dépeinte par Brandon Cronenberg est donc irrémédiablement malade, plongée dans une agonie sans fin dont elle ne pourra triompher qu'en se perdant encore un peu plus elle-même.

Il est toujours dérangeant, voir insupportable, de regarder en face le cynisme et la folie humaine. Surtout quand ils sont filmés sans concession avec une précision clinique. De fait, l'expérience Antiviral n'a rien de confortable, d’autant qu’on peut également lui reprocher de s'enliser dans son sujet, ce qui se traduit par un sérieux coup de mou dans la deuxième partie.

Reste que ce thriller froid et sophistiqu� figurera sans aucun doute parmi les films les plus marquants de l'année. Au-del� de son sujet, ce sont en effet sa mise en scène épurée, son esthétique glaciale et son découpage ultra précis qui en font une œuvre envoûtante et habitée. Peut-être frôle-t-on l'exercice de style, la démonstration en force de la maîtrise cinématographique de son auteur (l'ombre du père plane, bien sûr), mais cela apporte une telle amplitude, une telle profondeur, et surtout une telle efficacit� au récit, que l'on ne peut que saluer ce jeune Cronenberg qui s'est d'ores et déj� fait un prénom.

MpM



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