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Impardonnables

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 17.08.2011


VACANCES À VENISE





«- Quelle idée d’avoir des enfants. Être père, être mère : y a rien de pire dans la vie.»

La tentation de Venise d’André Téchiné nous laisse un peu sur les quais. On voit le bateau filer vers l’horizon sans que l’on sache si le voyage est plus plaisant que la visite de la cité des Doges. Le cinéaste nous fait voguer en eaux troubles (polar) ou apaisantes (romantisme) et offre quelques virages à sensation (comédie) sans que les trois se lient merveilleusement. Au contraire, Impardonnables, on lui pardonnera quand même, est bancal.

Les saisons défilent, sans Vivaldi : passion estivale, prison hivernale… Et on ne comprend pas ce que Téchiné a voulu filmer. Une énième histoire de responsabilité autour de jeunes autodestructeurs et irresponsables (La fille du RER, Alice et Martin, J’embrasse pas…) ? Un suspens solaire et passionnel, amateur et humaniste (Le lieu du crime, Loin, …) ? Une histoire d’amour évidente et impossible, idéale et rongée par le passé (Les temps qui changent, …) ?
Aux frontières de la caricature de son propre cinéma, sans avoir perdu ni sa maîtrise du mouvement et du cadre, ni son talent à faire exister des personnages aussi banals qu’excentriques, Téchiné nous livre un film maladroit et improbable, comme cette première rencontre, pleine d’humour, entre Dussollier et Bouquet (tous deux formidables). Les deux comédiens transcendent cette histoire sans intérêt grâce à leur folie douce et leurs mystères.

Mais en chargeant trop la barque avec cette sacro-sainte notion de responsabilité – au sens large : celle des parents, celle face à un crime – Téchiné s’embarque dans un film tortueux, comme les canaux de Venise, qui se perd souvent en chemin.
L’enquête est peu crédible. Les filatures – tout le monde se suit – manquent de fluidité. Tout est haché, ponctué, rompu par des séquences qui cassent le rythme et la tonalité.
Facteur aggravant, Téchiné ne se renouvelle pas : Carole Bouquet, belle quinqua, a le droit de se taper un petit jeune (en plus d’être bi), Mélanie Thierry est traitée comme une immature inconséquente, Dussollier hérite d’un rôle moraliste, l'homophobie et l'homosexualité planent sur l'intrigue… Tout cela a un air de déjà vu.

La variante est ailleurs : il s’agit de monstres (pas franchement sympathiques à vrai dire), des monstres égoïstes : et si c’était cela qui était impardonnable ?
Voyous, dealers, « malades », fugueurs, agresseur homophobe : le monde va mal. Les atteintes aux personnes physiques servent d'illustrations du "mot" impardonnable.
De là à faire passer le message qu’il faut cesser de se reproduire (« On devrait faire une campagne pour interdire la procréation. ») … Parents comme « enfants » ne veulent plus des emmerdements liés au sang. La déresponsabilisation de chacun au nom du bonheur individuel aurait juste mérité un traitement moins foutraque, plus tendu et peut être moins dilettante. Le réalisateur continue de filmer le sexe, la vie, de manière suggestive. Mais le propos, son traitement s'avèrent trop primaires pour nous séduire et pire, nous marquer.

vincy



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