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Les herbes folles

Sélection officielle - Compétition
France / sortie le 21.10.2009


VOL A REACTIONS





« - On voit le slip noir en dessous. Quelle faute de goût. » Alain Resnais nous déconcerte avec ces (ses) Herbes folles. La première partie de son film séduit au point de nous ensorceler. La réalisation est exquise, moderne, la musique digne d’un thriller froid et élégant, la voix off d’Edouard Baer nous charme. Tout est luxe, calme et volupté, y compris le fameux incident, le vol du sac de Sabine Azéma, plein de grâce. Resnais prouve qu’il est toujours vert et qu’il sait installer son propos avec un regard qui n’a pas d’autre équivalent. Le ton est fantaisiste, les situations plutôt fantasques. Les personnages sont décalés, lassés par leur matérialisme, aspirant à des plaisirs coupables, rêvant de disjoncter. Et c’est d’ailleurs ce qu’ils feront.

« Bizarre, vous avez dit bizarre ». Resnais filme toutes ces pensées intérieures qui nous habitent. Il met en images des phrases de notre subconscient. Et là, l’œuvre est originale, réussie, intrigante. La franchise des uns créé l’absurdité que subissent les autres. Mais il se prend la caméra dans son propre piège. Son histoire va s’embourgeoiser, à l’image de ses protagonistes vivant un bonheur de décorum, avec musique de jazz, soleil apaisant et barbecue dans la véranda. Dès que la voix off s’estompe pour faire place à des dialogues plus construits, dès que le mystère de cette passion inassouvie se dissipe au profit d’un jeu de chat et de souris, banal et inintéressant. La comédie tourne alors en rond, sans consistance pour s’échapper de sa spirale. Les herbes folles deviennent factice, artificielles, sentiment accru par la très belle image d’Eric Gauthier.

Les impulsions nous indiffèrent et les débuts cocasses font place à un final prévisible et un ultime plan incompréhensible. Les effets de voltige de la caméra d’Alain Resnais ne suffisent plus à nous envoyer en l’air, comme le fait son couple fou. Les autres personnages apparaissent hélas trop secondaires, sans épaisseur, pour rivaliser. Du coup, fatigué, le film ne devient qu’anecdotique. Le grain de folie qu’on attendait se laisse broyer par son personnage féminin trop synoptique. Il y a des limites à l’abstrait. Dès que les mots disparaissent, les images semblent bien sages. Un comble. Ou un luxe que seul un grand cinéaste comme Resnais peut s’offrir.

vincy



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