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Adoration

Sélection officielle - Compétition
Canada


SIMON SAYS





- Faire semblant, je ne comprends pas. Et je n’aime pas ça.

Depuis quelques années, le cinéma cérébral d’Atom Egoyan a édulcor� sa perversit� originelle pour gagner en générosit� sentimentale. Depuis De Beaux Lendemains, hésitant entre des oeuvres très personnelles ou des productions destinées � un public plus large, le cinéaste canadien alterne films � vedettes et sujets périlleux. Adoration appartient clairement � cette catégorie. Mais, même ici, le mélodrame l’emporte sur l’abstraction.
Adoration, hélas, ne nous touche pas autant qu’il le voudrait. La mise en place des relations entre les personnages n’est pas évidente et la construction globale du scénario en souffre, nous laissant espérer une destination. Avant de comprendre o� le film veut en venir avec ses multiples histoires et ses trop nombreux thèmes abordés, il faudra supporter trop de bavardages, pourtant bien écrits, et de plans peu créatifs, � l’exception des très beaux plans dans la nature. Une dialectique o� tout se croise : les racines, la religion, le terrorisme, la souffrance individuelle, la victimisation, le consumérisme et même le 11 septembre. Une overdose de thèmes qui jouent au ping-pong et qui gèlent l’histoire au point de départ durant une bonne demi-heure. Les discussions virtuelles ne se raccrochent � aucune image captivante hormis ce flash back illusoire sur un couple défunt.
Pire sacrilège, nous attendions d’un tel auteur qu’il nous montre comment filmer les technologies et leur impact sur chacun. On ne voit que des écrans. Paradoxal quand le film traite de l’imagination, de l’idolâtrie, des faux semblants. Tout cela paraît plat. Si tout le monde réinvente sa vie pour échapper au réel, si son cinéma fait croire que la vie est un théâtre o� l’on joue avec les apparences, Adoration ne réinvente rien, ne nous leurre jamais et ne fait que jouer avec la vérit�.
Egoyan s’interroge sur les liens entre la force de la fiction et la nécessit� de la vérit�. Il en fait une sorte de thèse o� il explore toutes les facettes de son raisonnement. Il faut attendre la rencontre entre Sabine et Tom pour que la fiction reprenne ses droits et oublie les théories. L� les destins s’affranchissent de leurs contraintes, se libèrent, se connectent, s’humanisent enfin. On brûle les icônes et les préjugés s’effacent pour faire place � la vie réelle et la possibilit� d’une transmission. Les sujets ont fait place aux émotions, le contexte (un mensonge qui devient débat national) est remplac� par l’objectif (une vérit� qui devient affaire familiale). Mais jamais Egoyan ne parvient � créer les passerelles entre le cerveau et le cœur de son film. Deux films distincts mélangés, qui ne se parlent pas et qui empêchent l’adoration. Ce manque d’harmonie nuit � l’impression finale et insatisfait le spectateur qui attend des réponses � toutes ces questions posées, comme celui qui espère être transport�.

vincy



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