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Les triplettes de Belleville

Sélection officielle - Hors compétition
France / Canada / sortie le 11 juin 2003


French souche





"- Allez Poupou!"

Il est rare qu'un film d'animation vise les "babyboomers". D'autant que l'auteur n'a pas vraiment connu le music-hall des années 30, Poulidor où même De Gaulle. Son nostalgisme d'une France version Jour de fête et Monsieur Hulot lui a donc été transmis par le primse de la parole de ses parents, l'éducation artistique et la propagande médiatique. Il ne faudra pas s'étonner, par conséquent, de cette compilation remixée en guise d'hommage à une France (heureusement) disparue. Best of souvenirs ou désirs reformatés, Les Triplettes s'avère un film terriblement désuet. Le Tati - dont Chomet se réclame outrageusement - était bien plus moderne en son temps, au point d'être encore actuel. Paradoxe qui trouve sa source dans une imagination facile scénaristiquement et peu innovante graphiquement. Ce qui fait la différence n'est pas la singularité du talent du créateur, mais son opportunité à avoir monté un tel projet canadao-européen.
Pièce de résistance de l'animation "anti-américaine", le "cartoune" cumule les clichés franchouillards qui font hurler quand ceux-ci sont exploités par les productions hollywoodiennes. Ironie maladroite, nous ressentons un propos mal maîtrisé, l'absence d'histoire et la faiblesse narrative. Ca ne veut pas dire que le film est médiocre. Il touchera juste en renvoyant les quadras et plus à leur propre enfance : décors fixes, dessin puisés dans les revues-BD de l'époque, gags puisés chez les déconneurs américains... En fait si Chomet s'oppose à quelque chose c'est à la 3D et à l'animation asiatique. Parfois, l'humour absurde l'emporte sur la lourdeur comique ou les jeux de mots niveau cours d'école. Les Triplettes nous font sourire, souvent, mais le rire est plus rare. Le délire, n'apparait que ponctuellement.
La véritable héroïne de cette histoire est Souza. La vieille dame et son champion. Il s'agit du seul personnage à connaître quelques variations. Pourtant, le film s'attarde davantage au champion, durant le premier tiers du film. Principe d'identification de l'auteur à ce garçon mélancolique et solitaire. Nous nous y attachons puis le scénario l'oublie. Nous voilà dans une autre histoire après ce qui n'était qu'un prologue. On aura découvert le trait de crayon, ces formes immenses, des cimensions disproportionnées. Puis, au fur et à mesure, les incohérences de style nous font dériver. Il faut voir par exemple la splendide traversée de l'océan, qui contraste avec tout le reste du film en terme d'animation. En terme d'acriture, on retrouve aussi ces grands écarts au point de s'interroger sur la continuité du script. Le champion. Les triplettes. La french mafia. Trois chapitres, trois histoires. Si bien que l'intensité se relâche parfois. L'impression de "déjà vu" n'améliore en rien ce divertissement. Même la 2CV-limo semble extraite d'une BD de Pilote. Et ce con de chien aboie trop souvent : ça en devient exaspérant.
Il ne faut pas vous décourager. Le plaisir existe malgré tout. Mieux vaut cette BD métamorphosée en animation qu'une BD transformée en film raté (Astérix, gaston Lagaffe, ???)/ C'est plaisant de revivre cette France en noir et blanc. Pour ceux qui n'accrochent ni aux mangas ni à l'animation des Ocelot et Grimault, cela apparaître même très "frais". Entre guillemets car le parfum â plutôt des relans de conservatisme rétro.
Dans ces moments les meilleurs, le film offre un portrait saisissant et involontairement cunique de "Beaufland", ce cette France popu et prolo qu'il veut caresser dans le sens du poil, quitte à hérisser le nôtre. il s'agit bien du film d'un émigré qui n'assume pas totalement son déracinement. Regrets, Monsieur Chomet? Alors que nous attendions un mélange de cultures, nous voici face à une vague d'amertume. Félicitons l'effort et la détermination, avec cet espoir sincère et honnête, comme ce film, que le prochain dessin animé détachera son auteur de toutes ses cloisons, en coupant le cordon ombilical qui le lie à ces vieilles dames.

(Vincy)

Vincy



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