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La terre abandonnée (La terre abandonnée)

Certain Regard
Sri Lanka / sortie le 25.01.06


INTRIGUE A L'ABANDON





"- On vit comme des crapauds dans un trou. On ne saurait même pas si la guerre reprenait."

Une femme fait de longues ablutions sur le pas de sa porte. Une autre observe intensément les manœuvres d'un char. Plus tard, ce sont deux camions nez à nez sur une route. Le premier avance, le second recule, avant d'échanger les rôles sans raison apparente. La femme ne réagit pas. Elle retourne, elle aussi, à sa toilette. Plus loin, un homme masse sa cheville endolorie.

On pourrait décrire sans fin les longues séquences immobiles de La terre abandonnée, toutes plus ou moins construites sur le même modèle. Des plans larges, fixes, composés comme des tableaux, et interminables. La nature en toile de fond, les hommes en figurants. Un arbre sous lequel on s'abrite. Et puis cet ennui que l'on pourrait presque toucher, qui contamine tout. Même le spectateur.

Vimukthi Jayasundara n'y met pas du sien, qui ne cherche à faire ni grand public, ni même attrayant. Pas d'intrigue, des dialogues inexistants, des personnages à peine esquissés, il y a là tous les ingrédients pour rebuter le spectateur peu enclin aux longues contemplations absconses. Intellectuellement, on comprend la démarche du jeune réalisateur : jouer de la confusion et de la lenteur, éclater la temporalité, étirer chaque scène jusqu'au malaise, semer ici et là une absurdité ou une cocasserie… mais il n'y a rien à y faire, on ne voit pas très bien où il veut en venir. Emotionnellement, c'est le blanc. L'abandon total.

MpM



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