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Sin City (Sin City)

Sélection officielle - Compétition
USA / sortie le 01.06.05


VIRONS EN ENFER !





Je vais me venger. Le sang va gicler sur les murs !

Un carnage. Déballage de grosses artilleries pour une troupe de barbares avides d'action brute. Têtes brûlées, mutants et femmes fatales corroborent ce pulp dont le seul plaisir relève du domaine plastique. Visuels métalliques, noir et blanc irisé de couleurs flash en surimpression : Sin City nous happe fort de son esthétisme brillamment travaillé. Chose à laquelle s’y attendait toutefois. Accrocheur, donc, mais moindre d'un point de vue créatif. Batman et Une nuit en enfer lourdement réunis, sous la coupe d'intrigues grossièrement imbriquées, apologie de la violence en prime. Voilà qui est peu. Trop découpé et gratuitement abrupte, Sin City peine à nous convaincre, édifié sur un unique fil conducteur : les voix off de ses (super)anti-héros, débitant inlassablement toute leur fureur et basiques impressions. Ici un "c'est un spectacle d'enfer", là "les gonzesses des fois il suffit qu'elles chialent un bon coup", ou encore " le pouvoir c'est le mensonge". Un débit indigeste, incessamment primaire, très vite rédhibitoire, qui ressemble davantage à du bourrage de crane qu’à ce qu'on appelle traditionnellement de la narration, aussi vive et rustique puisse-t-on la concevoir. Quelques minutes suffiront à nous lasser ; Sin City dure plus de deux heures. Soyez patients ! Une touche de modération viendra en final avec Hartigan (Bruce Willis), héros mélo mais disons acceptable qui, au moins, nous octroiera un temps de respiration. On en arrivera là faute de mieux, tant l'aventure patauge dans un sensationnalisme complaisant ; ce, dans l'unique but de combler ses carences scénaristiques. Un serial killer endurci : Marv. Deux protecteurs aux méthodes radicales : Dwight, amant et ange gardien des filles de la rue, puis Hartigan, icône à sacrifier par amour. Que d'illustres et fantastiques figures ! A l'arrivée, malheureusement, peu de rebonds. Sin City nous donne le tournis en multipliant les vignettes : hypnose du spectateur non garanti !

Un film choral, choc mais peu foudroyant. Rourke, Owen et Willis, égaux à eux même, nous envoûtent tant que peut se faire, les trois comédiens effacés derrière leurs propres voix off ne disposant ici que d'un moindre espace de composition. Sex Appeal à la rescousse ! Les ensorceleuses Jessica Alba, Rosario Dawson et Brittany Murphy ne manquent pas de charmer sans toutefois parvenir à agrémenter le plat, leurs personnages se trouvant figés par ce regard strictement masculin via lequel le film nous est donné à lire. Rodriguez et Miller nous en mettent plein les yeux et les tympans. Jusque là rien d’exceptionnel. Les deux réalisateurs et leur invité Tarantino restant évidemment des inconditionnels du genre. Force est de constater que ce nouvel exercice de style relève davantage du coup de poker filmique entre amis que d’une véritable fresque à intrigue, outre ses incontestables dynamiques plastiques à considérer ici sous forme de bonus. Un film excessivement noir d’un point de vue formel comme scénaristique, des protagonistes définitivement dans le brouillard : qu'on ne s'attende pas à un Pulp Fiction stylisé ! La chute serait brutale !

Sabrina



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