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Laetitia Masson

Interview Laëtitia Masson

  • Film, Buzz, Synopsis
  • Interview Sandrine Kiberlain
  • Sandrine Kiberlain

  • Filmo

    A VENDRE (1997)
    EN AVOIR OU PAS (1995)
    3000 scénarios contre un virus (1994)




    Laetitia Masson




    Laetitia Masson




    Laetitia Masson




    Laetitia Masson

    Q Est-ce que vous pouvez-nous résumer en deux mots le sujet et l'histoire du film ?
    LM Une fille disparaît, un homme la cherche, et la trouvant, il se trouve lui même. Elle se laisse attraper pour la première fois. Je pense que le cinéma, c'est toujours la même histoire.

    Q Absolument. Dans ce film, par rapport au résumé que vous venez de faire, on découvre deux âmes seules qui se cherchent. Est-ce que vous pensez qu'il y a beaucoup de gens dans ce cas-là ? Dans notre société actuelle ?
    LM Je pense qu'on est tous dans ce cas-là, c'est-à-dire, qu'on est tous en quête de quelqu'un et en quête de nous même. On n'est pas seul au monde, donc toute notre vie, on la passe à essayer d'améliorer nos rapports aux autres. Voilà, le sujet du film, c'est le rapport à l'autre, et le rapport le plus fort c'est l'amour. Ce sont ces rapports là que j'interroge dans ce film.

    Q Finalement France Robert se retrouve dans l'isolement...
    LM En fait, elle dit qu'elle veut rester libre. Elle cherche la liberté, mais cherchant la liberté, elle se retrouve seule, puisque dès qu'on est en rapport à l'autre, on n'est plus libre, on doit négocier. Et c'est toute cette idée du commerce avec les autres que je voulais illustrer, donc elle est... pensant ne pas souffrir en essayant d'avoir un commerce égalitaire avec les autres. Elle s'aperçoit qu'elle ne souffre pas, mais qu'elle est seule. Donc, elle ne se fait pas avoir, mais elle n'a plus rien elle-même. Elle finit par abandonner et s'abandonner à quelqu'un en prenant le risque d'être déçue et trahie, mais en même temps elle retrouve un rapport à l'autre.

    Q Malgré tout, le seul rapport qu'elle arrive à avoir réellement , c'est avec une poule. Pourquoi ça ?
    LM La poule, c'est elle même. Un moment, elle se sent seule, donc elle est obligée. Elle ne trouve comme confidente que quelque chose qui lui ressemble : une poule de campagne. Elle a besoin de retrouver ses racines qu'elle a fuit, qu'elle retrouve dans cet animal symbolique et peu bavard. Oui, pour moi, c'est le symbole même de la solitude, l'image même de la solitude. On se retrouve à parler avec une poule qui ne répond pas.

    Q Un moment donné, elle l'engueule même...
    LM Oui, comme elle s'engueule elle-même en fait.

    Q C'est un thème récurant dans vos films la solitude ?
    LM Je ne sais pas... C'est la vie. On est seul avec soi-même et puis il y a les autres, mais c'est une des choses de la vie. En même temps, un des thème du film, c'est aussi le travail, pour moi la solitude, c'est plus un thème particulier, c'est une partie de nous.

    Q Est-ce que vous pensez qu'on peut trouver le grand amour ?
    LM On peut chercher déjà !! C'est passionnant de nous chercher. Non, on trouve des moments d'amour. Je ne sais pas ce que c'est le grand amour, moi. J'y croyais quand j'étais jeune, puis aujourd'hui, je crois aux gens. Je suis fascinée par les gens, mais ça peut-être, la grande guerre avec quelqu'un que quelque chose de fort qu'un grand amour, ou il ne se passerait rien. Je ne sais pas si je suis très clair...

    Q Dans le film, il y a beaucoup de scènes de nudité. J'ai deux questions par rapport à ça : Est-ce que ça été dur de proposer ce personnage avec ces scènes là à Sandrine Kiberlain ? Est-ce que vous pensez que les femmes savent mieux filmer la nudité que les hommes ?
    LM Alors, la deuxième question, je répond non. Je ne crois pas que les femmes sachent mieux filmer les choses que les hommes. Une personne filme une chose, elle filme bien ou mal, et homme ou femme. Je pense qu'il y a des sensibilités particulières , mais qu'une femme est différente est autant différente d'une autre femme que d'un homme pour moi. Et la deuxième chose, il n'y a pas tant de nudité que ça dans le film. Je me suis beaucoup posée la question de la nudité. Donc, il y a un moment où la nudité est donnée entièrement, et ensuite la nudité elle peut-être intérieure, morale, mais plus jamais je ne dévoile vraiment le corps ni de Sandrine, ni des hommes. Je donne une fois pour toute. Ceux qui ont vu le film comprendront de quoi je parle, et ensuite on voit des corps, mais pas forcément nus.


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    Q Pour revenir sur le film lui-même vous avez choisi le titre A VENDRE. Vous pensez que l'amour est à vendre ou que les corps sont à vendre ?
    LM Je pense que tout est à vendre. Aujourd'hui, dans le monde contemporain c'est vraiment... que l'argent est devenu... le symbole de l'échange justement entre les gens, c'est ce qui donne la valeur des choses. Alors, bien ou mal, je ne sais pas, mais c'est dans le monde dans lequel on vit, donc c'est ça. Ce qui m'intéresse c'est de parler du monde d'aujourd'hui. Moi, je ne pourrais pas faire un film sur la guerre de 39/45, sur tout ça... j'ai envie de faire des films contemporains pour parler de ce qui se passe aujourd'hui...

    Q Vous avez fait un travail avec Sandrine Kiberlain. On a l'impression qu'elle est presque votre muse. Dans quelle mesure avez-vous écrit le film pour elle ? Vous êtes-vous inspiré d'elle ? Est-ce que il y a un jeu de miroir, est-ce que c'est votre personnage ?
    LM Ce n'est pas un jeu de miroir, parce que pour moi c'est une personne. Je ne me vois pas en elle, je la vois elle. Mais, je la voit elle pour l'instant meilleur vecteur de mes questions et de mes émotions. Donc, je trouve que c'est une comédienne d'une richesse incroyable, pour l'instant je ne suis pas au bout d'elle, c'est comme un instrument dont on a les notes, on a le clavier et on commence de plus en plus à savoir comment le toucher. Je la trouve vraiment riche. A chaque fois, à la fin du film, je me disais : "Là c'est bon" et puis je me disais : "Mais non, c'est en plus, ça ne vient que de commencer, je n'ai pas fait ça avec elle" et là, je me dis : "Bon, là on va faire tout ce qu'on n'a pas fait, donc, là maintenant c'est fini" et je me retrouve à nouveau, je me dis "Mais, non, ça on ne l'a pas encore fait." C'est bizarre, je ne sais pas... Mais, ce n'est pas un miroir, parce que pour moi, je ne me vois vraiment pas en elle."


    © Ecran Noir 1998
    Q Avec Sergio Castelitto, comment ça s'est passé ?
    LM Un peu de la même façon, c'est-à-dire que moi je cherchais un comédien américain, et on m'a dit "Tiens, rencontres ce type". Je disais : "Mais, non, c'est un italien ça va pas aller". Je l'ai rencontré, je m'étais dit : "Je vais le voir, d'accord, mais je ne lui parle pas du film. Je l'ai quitté en lui demandant son numéro, fallait que je lui envoie le scénario. Et puis, je l'ai revu, il m'a dit la même chose : "Le personnage là c'est moi" et moi je lui dit : "Ben, oui c'est vous", pourquoi comment je ne sais pas, il y a un moment ça me dépasse, comme Stévenin, Aurore Clément, comme un tas de gens dans le film, c'est-à-dire, c'est eux, je sens qu'il y a une communauté. Comme choisir une famille, on sait qu'ils sont de votre famille, mais c'est au-delà de la raison.

    Q Est-ce que c'est votre première fois à Cannes ?
    LM Oui.

    Q Qu'est-ce que ça vous fait ?
    LM C'est effrayant et bouleversant et transportant à la fois. C'est-à-dire, moi qui suis solitaire à Paris, plutôt timide et plutôt tout ça, je me retrouve dans un univers très médiatique, d'apparence, d'image ? Tout ce que je fuis à priori, et en même temps on ne peut pas... soit on plonge, soit on souffre. Donc, là j'ai plongé. Voilà, il faut accepter le jeu, essayer d'en jouer le mieux possible, mais je sais ne pas si j'y arrive. J'essaye de me libérer. Pour moi, en même temps j'ai une certitude : c'est qu'il y a un film qui fait effet, je ne pourrais pas être là sans avoir quelques choses qui existe en dehors de moi. Tout ce qu'on est en train de faire là pour moi c'est périphérique, c'est de l'ordre du jeu, il y a une chose qui existe et sans ça... on ne serait pas là. C'est mon point d'ancrage. Et après je m'amuse.

    Q Vous êtes en train de préparer un autre long-métrage ?
    LM Oui, j'essaye justement. Dès qu'on est dans l'artifice autour du film, ça m'effraie, je vois le bout, je me dis : "Mais, en fait, qu'est-ce que ça vaut ? Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui n'est pas vrai sur ce qu'on me dit du film ? ", ça me fait très peur, j'ai besoin d'être dans le concret de quelque chose. De me reposer des questions de scénario, des questions de fond.

    Q Ce n'est pas trop dur pour une femme de trouver des financements, de réaliser des films aujourd'hui ?
    LM Non, ce n'est pas plus dur pour un homme que pour une femme. Mais, même je me demande si ce n'est pas plus facile dans le rapport de séduction. après, c'est vraiment égal, il y a des choses plus faciles et d'autres plus difficiles. C'est plus facile d'accrocher, je pense, les gens, mais après c'est plus difficile de leurs faire voir qu'on peut avoir un fond autant que les hommes. C'est compliqué, et ce n'est pas plus difficile.

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