Conf' de presse : "Happy Together" de Wong Kar-Wai
- 17 Mai 1997 16.30

Dernière conférence de presse avant la palme. Happy Together est un film très attendu sur la croisette. Le réalisateur Wong Kar-Wai a très bonne réputation. Film événement, hier soir la salle fut en tous cas séduite. Ce matin, la presse asiatique est particulièrement présente. Wong Kar-Wai (réalisateur), Tony Leung Chiu-Wai et Chang Chen (acteurs) suivi de Christopher Doyle (chef opérateur) font leur entrée sous une pluie d'applaudissements. Depuis le début du festival, c'est une des rares fois où l'accueil est aussi chaud.

Happy Together se passe en Argentine, au début le film devait s'appuyer sur le roman Buenos-Aires Affairs mais au fur et à mesure, Wong Kar-Wai s'en est éloigné : Ce fut difficile car on ne connaissait pas l'argentine, ça a évoluer .En fait ce film parle de Honk-Kong surtout.
Au sujet de l'homosexualité des deux personnages principaux, Wong précise tout de suite sa vision des choses : Ce film n'est pas seulement sur deux hommes mais sur la relation humaine, la communication humaine et les moyens de la maintenir ; c'est deux hommes mais ça pourrait être n'importe quel autre couple.
Christopher Doyle, chef opérateur du film, ajoute qu'après ce film on ne devrait plus poser de questions sur les gays. Tout est dit dans ce film, montré. A la limite, il n'y a pas de gays, on est ce que l'on est et ce film montre cela. La relation.

Concernant le rôle, l'acteur Tony Leung Chiu-Wai (star en asie) explique qu'il n 'a pas pensé à cela. Il a foncé dans son rôle pour en donner le meilleur.

Wong Kar-Wai est, jusqu'au 1er juillet 1997, un chinois de Hong-Kong. Sujet sur toutes les lèvres, Wong reste très interrogatif concernant le retour de Hong-Kong à la Chine ; Personne ne sait ce que sera Hong-Kong après le 1er Juillet. On verra bien. Le film sera à Hong-Kong à la fin de ce mois et je ne sais pas quelles seront les " restrictions ", de toutes façons je voulais faire ce film et s'il le fallait je le referais. Ce qui est arrivé à l'autre film chinois Keep Cool, aurait pu nous arriver. Je suis désolé de cette situation d'ailleur. (Keep Cool n'a pas pu être présenté comme prévu, le gouvernement chinois ayant retenu le passeport du réalisateur au dernier moment).

Wong Kar-Wai est un réalisateur très particulier dans sa démarche, sa façon de traiter l'image.
Une alternance de scènes en noir et blanc puis couleur est mon idée - (Christopher Doyle qui est le chef opérateur fait mine de sortir !) - Je voulais montré l'hiver, le froid ainsi que les moments d'introspection des personnages. Lorsque que Wing dit à Fai " on recommence à zéro " la couleur s'installe. Cela appuie sur l'alternance des émotions des personnages.
Wong est très proche de Chritopher Doyle. Leur relation est interactive, constructive. Chritopher Doyle a fait tous les films de Wong et travaille beaucoup en asie.
Notre style n'a pas de considération esthétique. Notre style c'est les contraintes qui le crée. Peu d'argent, peu de temps pour filmer dans les lieux publiques.

Le tournage à Buenos Aires n'a pas été simple, l'alternance des grosses productions (Evita - Seven years in Tibet) a beaucoup compliqué les choses. De plus, il a choisi de tourné dans le quartier " très chaud " de labocca. Plus typique car Buenos-Aires lui rappellait trop Hong-Kong. On nous avait prévenu du danger de ce quartier mais en réalité nous avons rencontré des gens très gentils et puis je suis un fan de Maradona ! ! Qui est dans le film...mais je l'ai coupé au montage ! ! ! !
J'ai filmé Buenos-Aires comme en dehors du temps, pendant les 80 premières minutes, ils sont hors de tout. Après c'est comme s'ils sortaient d'un rêve, d'une transe.

Wong intervient à tous les niveaux de son film, de l'écriture au montage en passant par la lumière ou le casting.
Au départ Happy Together durait 3 heures. Pour moi, le montage est un procédé de destruction. J'ai du enlevé des scènes que j'aimais, j'ai donc détruit mon film au lieu de le monter. Par exemple, tout le passage avec la jeune fille qui rencontre par accident Lai a entièrement été coupé, cela destructurait trop à la fin.
Même si j'écris mon histoire avec un stylo et un papier pour savoir où elle m'emmène, je fonctionne dans un processus global qui se termine au montage. Les choses peuvent donc beaucoup changé.

Concernant la trame musicale, le tango qui rythme le film n'est pas un hasard. Je choisis ma musique de façon très exacte. La musique est là pour représenter la ville. Le film est un tango.

L'été à Pékin est prévu comme son prochain film. Tout peut changer dans le processus. Je voulais faire ce film avant le 1er Juillet 97 mais j'ai tout dit dans Happy Together. Mon prochain film sera donc un nouveau commencement.

En conclusion, Christopher Doyle explique que le véritable espace est celui du cœur , il suffit d'en trouver les images.


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