Francesco Rosi en conférence de presse : "La Tregua"
- 13 Mai 1997 15.30

Francesco Rosi ce matin était invité devant les journalistes avec toute l'équipe du film La Tregua (La trêve), John Turturro, Massimo Ghini, Teco Cellio, Rade Serbedzija.

CONTEXTE :
Francesco Rosi travaille depuis 1987 sur ce projet.
Je voulais faire ce film à tout prix. C'est un film sur le retour à la vie après les camps d'exterminations. On avait jamais montré cette renaissance.
Tout à commencé suite à la rencontre entre Primo Levi (auteur du livre) et Rosi. La mort subite de l'auteur a littéralement traumatisé le réalisateur qui réalise à ce moment là Oublier Palerme puis Journal de Parme, pendant 2 ans le projet dort. Il commence alors les démarches pour financer le film mais se heurte à des problèmes de bureaucratie ... " C'est quoi l'histoire, il ne se passe rien ". Les discussions s'éternisant avec la RAI, il décide de prendre un autre chemin.
Martin Scorsese, lors du Festival de Cannes 1991, lui parle d'un producteur, Pescarolo. La Tregua va pouvoir se faire.

LE ROLE PRINCIPAL:
Je voulais Woody Allen d'il y a 25 ans ! !....et puis en 1991, j'ai vu Barton Fink avec John Turturro, à Cannes. J'ai été fasciné.
Turturro avait le regard innocent que je cherchais pour transmettre la poésie du personnage, l'émotion de Primo. Ce sera la période la plus vivifiante de ces personnages, la période où il renaissent à la vie et où leur vie renaît. Cette innocence était nécessaire pour passer dans les gestes autant que dans le regard toute cette émotion.

John Turturro a été très impressionné par le rôle. Il y a beaucoup de moralité, de délicatesse dans l'écriture de Primo Levi. Ca a été difficile a tous les niveaux, j'ai eu énormémént d'humilité face à ce personnage.

L'image donnée de l'Armée Rouge par Rosi a aussi soulevé des questions ; Il y a eu 30 millions de mort sur le front russe durant la guerre et les soldats ne sont pas responsables des débordement politiques. L'armée Rouge doit récupérer les honneurs qui lui sont dus pour ses actes à ce moment là.

ACTE DE NAISSANCE
Je suis plein d'orgueil car ce film est un film européen ! Les pays d'Europe sont tous représentés, un acteur est américain, les techniciens sont italiens, français, allemands ; les décors sont ukrainiens, polonais et italiens, et nous avons tourné trois versions : une anglaise, une française et une italienne car ce film doit être vendu à l'étranger!
Je tiens à dire à ce sujet que les américains ne comprennent pas la difficulté de la langue . Nous devons faire des efforts. Nos films restent en Europe car ils ne sont pas multilingues. Nous devons expérimenter le multilinguisme dans nos films sans perdre notre âme. L'industrie cinématographique européenne doit faire des efforts pour le démontrer. Ce projet a monopolisé 5 années de ma vie, c'est beaucoup et c'est presque trop à mon âge mais d'autres doivent aussi en faire l'effort.

Francesco Rosi a tenu à s'exprimer en français pendant toute la durée de ces échanges qui se sont terminés sur de forts applaudissements.


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