La semaine Internationale de la critique
Bent
de Sean Mathias (Grande Bretagne)


Production:Channel Four Films
Casting:Lothaire Bluteau, Clive Owen, Ian McKellen


Synopsis:
Berlin en 1934. La débauche envahit la ville malgré un nazisme de plus en plus oppresseur. Les rafles se succèdent et les premiers homos et Juifs sont envoyés dans les camps. C'est l'histoire d'un homme qui tente de survivre à travers ces atrocités. Un homme qui sacrifie tout par illusion.

Rolling Stones
Le premier film du célèbre metteur en scène de théâtre Sean Matthias se divise clairement en deux parties. La première illustre avec fougue et sans concession la vie décadente d'une ville libre, culturellement et intellectuellement développée, une ville nocturne.
Les jeunes gens s'aiment, le prouvent, boivent, dansent, chantent. La décadence à la romaine. Le symbole même de cette folie colorée est une diva travestie, interprétée par un sublime Mick Jaeger.
Toute excentricité est banalisée, et on l'exhibe surtout dans un lieu de ruines, à ciel ouvert, comme dans des arènes de théâtre.
Mais voilà Bent sombre dans la réalité. Et la transition qui mène de la cour de récréation à la prison, marque la fin du bonheur et des délires autorisés.
En se penchant sur la traque des homosexuels allemands avant la guerre, Matthias dévoile un pan peu connu de l'histoire, et toujours mal reconnu officiellement.
La similitude de cette chasse à l'homme (qu'il soit avec un triangle rose ou une étoile jaune) démontre bien que les deux communautés n'ont pas vu leur destin, mais ont subi le même sort.
La communauté gay allemande était à l'époque composée d'artistes, d'esprits brillants, d'hommes qui éclairent le pays. En les anéantissant, les nazis officialisaient une doctrine stupide et sans avenir. Une dictature idéologique. A ce titre le film est réussi puisqu'il montre bien la collaboration (ou l'assentiment) du peuple allemand à ces déportations, ainsi que l'absurdité d'un tel régime.
Cependant à force de se démarquer du contexte historique (par les décors), le film perd de son intérêt et devient presque du théâtre expérimental filmé, sauvé par les deux acteurs principaux et la somptueuse musique de Philip Glass. La répétition des scènes et le manque de tension dramatique enchaînent le film à une situation lassante.
Cependant la seconde partie est sauvée par deux passages (amour, mort) qui sauvent de la folie le spectateur enchaîné à ce déplacement inéxorable de pierres.
Mais pourquoi les réalisateurs veulent-ils faire vivre une expérience douloureuse aux spectateurs dans le seul but de les convaincre ?


[Index] [Actualités] [Films & Sélections]
[Interviews] [Destination Cannes] [50 Festivals]


© Volute productions 1997