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Hors normes

Sélection officielle - Fermeture
France / sortie le 23.10.2019


DANS LES CLOUS





« Vous êtes une caricature. On essaye de vous en sortir, et vous y retournez.  »

Belle histoire que celle du film Hors normes, nouveau long métrage du duo Eric Tolédano et Olivier Nakache. Les deux réalisateurs ont en effet rencontrés Stéphane Benhamou (Bruno dans le film), créateur de l’association « Le silence des justes » spécialisée dans l’accueil et l’insertion des adolescents et enfants autistes, il y a vingt ans. Ils s’étaient revus plusieurs années plus tard, d’abord pour un film institutionnel de 6 minutes, puis pour une carte blanche de 26 minutes pour Canal +, intitulée On devrait en faire un film. On ne niera donc ni leur engagement, ni leur sincérité. Et c’est vrai qu’Hors normes est un film immédiatement aimable en raison de l’humanité qui l’habite, et des multiples messages d’ouverture aux autres et d’hymne au vivre ensemble qu’il transmet.

On peut avoir plus de réserves sur les aspects formels du film, qui manque de finesse à l’écriture. C’est souvent toute la difficulté d’adapter une histoire vraie et de s’inspirer de personnages existants : ce qui fonctionne dans un documentaire, en raison justement de sa vérité, ne passe pas toujours la barrière de la fiction, surtout quand l’objectif évident est de réaliser une forme de feel good movie familial qui ne dérange personne. On a ainsi l’impression d’un film gentil, bourré de bons sentiments et souvent mièvre, qui coche toutes les cases de la comédie édifiante et convenue. L’artifice de l’enquête de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) qui entrecoupe le récit (et génère un suspense inutile) manque par exemple singulièrement de subtilité. Or le fait que cette enquête ait eu lieu dans la réalité n’excuse absolument pas la maladresse du procédé. On ne comprend pas non plus pourquoi la musique est à ce point omniprésente, venant sans cesse se substituer à la narration, et prendre la place des personnages.

Ce sont d’ailleurs les personnages qui subissent le traitement le plus problématique, le scénario ne leur accordant pas réellement d’espace pour s’exprimer. Chacun reste dans son registre de départ et ne sort guère du rôle archétypal qu’on lui fait jouer, y compris les adolescents autistes qui ne sont jamais décrits autrement que par le biais de leur condition. On sent que c’est l’expérience en elle-même, ainsi que sa portée politique, qui ont intéressé les réalisateurs, plus que le vécu et le ressenti personnels des protagonistes, auxquels le film ne donne pas vraiment la parole. Cela donne un discours stéréotypé qui reste en surface de son sujet, et flirte parfois avec l’angélisme

MpM



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