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Tu mérites un amour

Semaine critique - Séances spéciales
France / sortie le 11.09.2019


MEKTOUB, MON AMOUR





« Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés, qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau. » - Frida Kahlo

Pour son premier film, Hafsia Herzi suit les pas de son mentor, Abdellatif Kechiche. Tu mérites un amour est une chronique de jeunesse, lumineuse et vivante, autour d’une romance toxique et compliquée, proche d’une histoire de sitcom pour ados.

Si la primo-cinéaste réutilise quelques gimmicks de Kechiche comme ce photographe-voyeur plus posé que les autres, ces culs en gros plan qui dansent, des visages cadrés de près pour aller chercher l’émotion ou cette caméra jamais vraiment stable voulant à capter une réalité, elle se distingue de lui par son sujet. Ses personnages ne sont pas moins authentiques mais leur univers est différent. En introduisant un meilleur ami gay – interprété par un formidable Djanis Bouzyani qui conjure son mauvais sort avec un humour et un charme irrésistibles –, en libérant sexuellement la jeune femme qu’elle interprète, Hafsia Herzi s’ouvre à des genres et des amours plus modernes, avec un regard féminin plus juste.

Tu mérites un amour souffre de quelques longueurs et d’un épilogue mal construit (finalement le poème de Frida Kahlo raconté par Anthony Bajon aurait fait une très belle fin), mais le film séduit dans son ensemble, aidé par son naturalisme, cette parole réaliste et son style flâneur-. Herzi compose même quelques très belles scènes d’amitié, quand celles où l’amour s’invite sont moins convaincantes.

La réalisatrice semble surtout avoir voulu montrer qu’elle était capable de filmer la complexité d’un amour destructeur et sous emprise. Non pas celui que Rémi lui inflige, mais bien celui du cinéma. Avec son personnage de Lila, qui serait plutôt une rose avec des épines, elle s’offre un rôle où elle peut exprimer toute la palette de son jeu, de la mélancolie à la colère, de la séduction à la légèreté. Si Lila a besoin que l’amour existe, Hafsia ne résiste pas à démontrer qu’elle existe en tant qu’actrice. Quitte à écrire certaines séquences pour déployer son talent, sans que ça n’ajoute rien au film.

Ainsi le film est en quête d’un délicat équilibre entre la spontanéité demandée aux acteurs (très bien castés et dirigés) et une image plus posée sur son héroïne. C’est forcément inégal, mais Tu mérites un amour mérite qu’on l’aime malgré ses défauts. N’est-ce pas ça, finalement, l’amour ? Ou alors n’est-ce q’un absolu comme l’écrivait Frida Kahlo ?

« Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir. Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés, qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau. Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux, qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions. Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber. Tu mérites un amour qui balayerait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie. »

vincy



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