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Une Fille facile

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 28.08.2019


PRETTY WOMAN





« On ne doit jamais rien attendre, on doit tout provoquer nous-mêmes. »

Avec son quatrième long-métrage, Rebecca Zlotowski signe un film hautement féministe qui risque d’en déranger certains.

Sois belle et tais-toi ?

Naïma a 16 ans et vit à Cannes. Alors qu’elle profite de l’été pour choisir ce qu’elle veut faire dans la vie, sa cousine Sofia vient passer les vacances avec elle. Ensemble, elles vont vivre un été inoubliable.

Voilà le pitch de l’un des films français les plus attendus sur la Croisette. En castant la célèbre Zahia Dehar pour son premier rôle au cinéma, Rebecca Zlotowski n’a pas fait dans la subtilité. En effet, celle qui a fait les gros titres de la presse en 2008 en raison d’un scandale liant prostitution et joueurs de l’Equipe de France de football, la réalisatrice de Planétarium savait qu’elle allait faire parler. Et c’est bien là le but d’Une fille facile, film dans lequel Zahia semble se mettre simplement en scène. En jeune femme qui aime être entretenue par les hommes qu’elle fréquente, l’ancienne escort-girl fait des ravages. Son interprétation de fille facile lui va à ravir diront certains, bien que certains doutes puissent être légitimement être émis.

Mais au-delà de montrer le quotidien d’une jeune femme simplement considérer comme « une pute » ou « une salope » par une bonne partie de notre société, Une fille facile présente un mode de vie loin d’être enviable mais finalement compréhensible. Avec une pudeur toute relative et le recul nécessaire, le film de Rebecca Zlotowski finit par passionner par les questionnements qui naissent en Naïma. A la fois influençable et déterminée, cette lycéenne qui a reçu une bonne éducation sait faire la part des choses. Mal à l’aise dans de multiples situations, Naïma sert de guide au spectateur qui pourrait avoir du mal à comprendre que l’on aime être dépendante de la fortune d’autrui.

Grâce à une photographie solaire et des personnages secondaires qui sont autant de clichés de l’élite que la classe moyenne exècre, Une fille facile est un film bien plus complexe qu’il n’y paraît puisqu’il interroge notre rapport au corps des femmes et nos propres a priori sur les filles faciles. Plus encore, il ne manque pas de critiquer le sentiment de toute-puissance des nantis et le mépris de ceux qui travaillent pour eux à l’égard « des autres ». Classes sociales, machisme exacerbé, misogynie intériorisée, Une fille facile brasse des thèmes forts avec une classe évidente.

On notera bien évidemment la complicité naissante entre Naïma (Mina Farid) et Philippe (Benoît Magimel), véritable enjeu du film. Loin d’être manichéen, leur duo apporte une certaine légèreté à un film qui est loin d’être une comédie classique. De leur côté, Nuno Lopes et Clotilde Courau sont autant de monstres à leur échelle, des monstres dont le film se sert habilement pour prouver que la liberté n’est pas uniquement liée au compte en banque.

Loin du film glauque auquel nous pouvions nous attendre, la nouvelle réalisation de Rebecca Zlotowski est une franche réussite.

wyzman



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