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Perdrix

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 14.08.2019


LA FAMILLE PERDRIX





- T’es obligé d’aller pisser dans ma douche ?

- Bah écologie quoi !

- Ouais bah évite ma jambe.

Pour son premier long métrage, Erwan Le Duc s’offre une comédie romantique hilarante. Un premier essai particulièrement réussi qui aura marqué la Quinzaine des Réalisateurs 2019.

Une famille à la dérive

Pierre Perdrix vit des jours agités depuis que l’insaisissable Juliette Webb a fait son entrée dans celle-ci. Telle une tornade, elle sème désir et désordre en lui et au sein de sa famille. Sans le savoir, la jeune femme que rien n’arrête pourrait bien les délivrer du mal qui ronge chaque membre.

Tel est le point de départ de Perdrix, l’une des comédies les plus importantes de l’année 2019. En effet, avec son casting atypique et riche (Swann Arlaud, Maud Wyler, Fanny Ardant, Nicolas Maury), Erwan Le Duc propose une analyse particulièrement décomplexée de la toxicité des liens familiaux. Il y a ainsi Thérèse (Fanny Ardant), matriarche déboussolée depuis la mort de son époux. Puis Pierre (Swann Arlaud), l’aîné et chef de gendarmerie un tantinet coincé — voire rigide. De son côté, Julien (Nicolas Maury) a du mal à se remettre de sa séparation d’avec son épouse et peine à comprendre les ambitions de sa fille Marion (Patience Munchenbach).

Ensemble, ils forment une famille dysfonctionnelle qui tente de se convaincre que sa proximité (ils habitent tous dans la même maison) fait leur force. Mais avec un aplomb qui deviendra culte et une liberté de ton remarquable, Juliette (Maud Wyler) les met au pied du mur. Leur cellule familiale empêche chaque membre de s’épanouir. En particulier Pierre, puisque c’est avec lui que Juliette interagit le plus, et qui se retrouve constamment à jouer les arbitres, quitte à ne jamais vraiment penser à lui.

Bien que le scénario repose sur des basiques de la comédie romantique (rencontre hasardeuse, courses-poursuites à la limite de la niaiserie et climax surfait), Perdrix surprend par sa fraicheur. Car ici il n’est pas simplement question de montrer comment deux personnages que tout semble opposer finissent par s’aimer mais bien de prouver que pour tomber amoureux, il faut d’abord se connaître. Et Pierre est l’exemple-type de l’individu qui, ancré dans ses cercles familial et professionnel, finit par se contenter de peu. Et Erwan Le Duc ne s’arrête pas là. Au cours de ces 1h42 de film, il en profite pour évoquer les névroses qui touchent de plus en plus les millenials : la peur de ne pas plaire au plus grand nombre, ce désir parfois irrationnel de se retrouver seul ou encore l’incompréhension face aux génération suivantes et précédentes.

Malgré quelques longueurs, Perdrix s’attelle donc à prouver que le grand amour existe toujours et qu’il n’est pas réservé à une forme d’élite mais bien à tout le monde. Le scénario regorge de rebondissements absurdes (la radio de la mère, les nudistes révolutionnaires, l’adjoint de Pierre qui en est épris) et captive de bout en bout. Sans jamais révolutionner le genre auquel il appartient, Perdrix parvient en outre à en dire plus sur les individus que nous sommes que bien d’autres films aujourd’hui considérés comme des classiques.

Porté par un Swann Arlaud et une Maud Wyler convaincants et attachants, Perdrix est la comédie qu’il ne faudra pas manquer en salle cet été.

wyzman



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