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Les siffleurs (The Whistlers)

Sélection officielle - Compétition
/ sortie le 08.01.2020


LE ROUMAIN SIFFLERA TROIS FOIS





«- Sifflons ! »

Jusque là Corneliu Porumboiu nous avait habitués à décortiquer les tumeurs de la société roumaine avec un style socio-politique qui lui était propre, ajoutant ici et là une dose d’absurde voire de farce. Plutôt habitué à Un certain regard, après un premier passage à la Quinzaine, il se distinguait de ses confrères roumains grâce à un refus formel de signer des films intimistes, préférant toujours écrire des scénarios plus proches du polar ou de la comédie.

Les Siffleurs grimpe en compétition cannoise – sacrée promotion. C’est assez surprenant vu son genre. Un film policier, aux allures plutôt clinquantes, doublé d’une satire sur la corruption, qui a davantage les airs d’un divertissement grand public. C’est évidemment très bien réalisé, avec un découpage et un montage qui valorise ce scénario où tout le monde s’amuse à faire double jeu (quand ce n’est pas triple).

Le titre original est La Gomera. Le nom d’une île des Canaries où les locaux ont une langue à part, le sifflement, avec son alphabet. Manière de communiquer entre eux sans être compris comme un code morse. Au fil de l’histoire, on nous présente l’apprentissage de ce langage si particulier, à travers deux axes narratifs : les personnages, de Gilda à Cristi, sous forme de chapitres et des aller-retour entre un passé proche à Bucarest, un présent ensoleillé et faussement glam aux Canaries et la conjonction des deux pour le final.

C’est bourré de références classiques, du film de braquage au thriller en passant par le film noir, ponctué d’humour et un véritable hommage au 7e art : un cinéaste qui croise par hasard des mafieux (mal lui en prend), ce clin d’œil hilarant à Psychose, un studio de cinéma avec ses décors factices en guise de planque de trésor (il y a toujours des trésors chez Porumboiu), ou cette cinémathèque comme lieu de rendez-vous où John Wayne croit percevoir une langue indienne là où d’autres entendent des oiseaux qui sifflent… Le western est clairement l’influence majeure de ce film, puisqu’il se termine par un duel au pistolet entre deux femmes (on est au XXIe siècle).

Des personnages bien écrits, des ambiances stylisées, une atmosphère de soupçon intrigante, et une histoire suffisamment alambiquée pour maintenir son suspens et créer quelques rebondissements : le film remplit toutes les cases de la distraction. Parfois, Corneliu Porumboiu flirte avec le ringard (la procureure a un air de Julie Lescaut quand elle tient un flingue, le final à Singapour). Mais cela n’empêche pas de prendre un véritable plaisir à abattre un à un ces ripoux et ces cupides. Avec une morale simple : l’amour est plus fort que la Loi.

Ça ne fait pas un grand film, mais on peut reconnaître au réalisateur d’avoir une vraie générosité cinématographique, où sous la surface, le scénario et la mise en scène se combinent parfaitement pour qu’il soit un peu plus qu’un film de genre.

vincy



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