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Give Me Liberty

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
USA / sortie le 24.07.2019


LA BALADE DES OUBLIES





« La sagesse vient de l’expérience. »

Avec une comédie profondément humaine, Kirill Mikhanovsky réussit un exploit : faire rire et pleurer la Croisette simultanément. Explications.

Héros bienveillant

Jeune Américain d’origine russe, Vic conduit un minibus pour personnes handicapées à Milwaukee, dans le Wisconsin. Au moment où des manifestations éclatent dans la ville, il est déjà très en retard et manque d’être licencié. Il accepte à contrecoeur de conduire son grand-père sénile et ses vieux amis russes à des funérailles. En chemin, il s’arrête tout de même pour récupérer Tracy, jeune Noire américaine atteinte de la maladie de Lou Gehrig. Après cela, la journée de Vic devient incontrôlable.

Dès les premières minutes de Give Me Liberty, Kirill Mikhanovsky donne le ton. Un malade d’un âge avancé fume une cigarette tout en discutant avec Vic, qui s’assure qu’il ne se brûle pas avec sa cendre. Cet homme, particulièrement sensé, reviendra plusieurs fois au cours du film pour évoquer tour à tour le sens de la vie, l’importance d’être bien entouré et de continuer à avancer.

Ce sont ces trois idées qui vont bercer le film alors même que Vic fait son possible pour concilier exigences professionnelles et contretemps personnels. Particulièrement bruyant par moments, Give Me Liberty pourrait être perçu comme un film choral tant les personnages secondaires gravitent et se relaient autour de Vic.

Incroyablement gentil et attentionné, le personnage incarné avec brio par Chris Galust est tour à tour un petit-fils attentionné, un travailleur social impliqué et un petit frère protecteur. Malgré toutes les épreuves que la vie place sur son chemin, ce joli bout d’homme continue de persévérer. Ses objectifs sont parfois vains mais ses intentions sont toujours louables.

Plus qu’un film de fiction

Avec un style proche du documentaire, Kirill Mikhanovsky qui a été inspiré par sa propre expérience de jeune descendant russe débarqué aux Etats-Unis à l'âge de 17 ans, dresse en parallèle le portrait de l’Amérique des laissés-pour-compte : les immigrés russes qui ont bien plus que l’âge de la retraite, les malades internés dans des centres spécialisés, les handicapés dont les parents peinent à joindre les deux bouts, etc.

En dépit de tout petits coups de mou (la faute à un scénario qui multiplie les rebondissements et trouble dès qu’il se pose), le résultat se révèle convaincant et poignant. Car outre le quotidien d’un jeune homme dont dépendent beaucoup de personnes, Give Me Liberty prend un cliché particulièrement honnête de notre époque. Celle où les manifestations anti-violences policières sont nombreuses, celle où la colère et le désespoir de la « classe moyenne » se font de plus en plus sentir, celle où l’on a plus que jamais peur d’être soi-même par peur d’être rejeté.

Sans nécessairement parler d’hymne à la tolérance et à la différence, Give Me Liberty met en scène tout un panel de personnages/personnes que l’on voit trop rarement dans le cinéma américain. Souvent considérés comme pas assez normaux, pas assez photogéniques ou pas assez intéressants, ceux-là sont ici sublimés. Des exclus qui renvoient l'American Dream à sa réalité tout comme ils font un doigt d'honneur aux électeurs trumpistes...

Grâce à des dialogues forts et à des scènes particulièrement cocasses, Kirill Mikhanovsky ravit le spectateur et lui offre un feel-good movie profond. On adore et on recommande !

wyzman



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