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Zombi Child
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 12.06.2019
LE VAUDOU POUR LES NULS
- Avant dans les films, les zombies ils marchaient au calme. Maintenant ils courent.
- Bah c’est normal, aujourd’hui tout va plus vite. Donc les zombies aussi.
En cumulant portrait d’adolescentes privilégiées et exploration de la culture haïtienne, Bertrand Bonello signe un film de zombies inégal et riche à la fois.
Montage parallèle pour histoires convergentes
Haït, 1962. Un homme est ramené à la vie avant d’être envoyé dans les plantations de canne à sucre. Cinq décennies plus tard, au lycée de la Légion d’honneur, la jeune Mélissa confie un secret de famille à ses nouvelles amies. Elle ne se doute pas que celui-ci va persuader l’une d’entre elles, en plein chagrin amoureux, à commettre l’irréparable.
En utilisant l’histoire de Clairvius Narcisse, cet Haïtien qui a raconté comment il aurait été transformé en zombies puis libéré par ses ravisseurs au 20e siècle, Bertrand Bonello s’autorise un léger cours d’histoire. Dès les premières minutes, il plante un décor, celui d’une Haïti solaire le jour et particulièrement terrifiante la nuit. Grâce à de nombreux plans sur la pénombre et le mystère qui entoure les plantations de de canne à sucre, il crée une atmosphère particulièrement hostile. Cette dernière se retrouve par la suite transposée dans le lycée de Légion d’honneur, situé en région parisienne, lieu du la seconde histoire que le cinéaste veut raconter.
Grâce à un montage parallèle qui ne fonctionne que par moments, le réalisateur Nocturama tente de lier deux intrigues qui n’ont de commun que l’influence du vaudou sur les protagonistes. Si l’idée d’un tel montage fait sens, le résultat n’est pas à la hauteur et le spectateur se sent souvent baladé entre deux intrigues qu’il a dû mal à pleinement apprécier. Une maladresse que l’on oublie une fois arrivé à l’épilogue et que les deux histoires se rejoignent de manière surprenante et brutale.
Réflexions multiples
Loin d’être un grand film de zombies, le résultat est pourtant très correct. Car là où Nocturama manquait de cohérence et de vraisemblance, les protagonistes adolescents de Zombi Child s’avèrent bien plus crédibles. Et ce malgré le cadre trop souvent mal perçu du lycée de la Légion d’honneur. Studieuses et déterminées, les cinq héroïnes permettent un travail sur la sororité, la féminité et les émois amoureux. Au niveau de ses références (pop) culturelles, Bertrand Bonello semble aussi avoir bien fait son travail, citant ici et là Rihanna, Damso, Urban Outfitters ou encore Citadium.
Côté culture haïtienne, l’homme à qui l’on doit Saint Laurent a également fait ses devoirs. Parfois même un peu trop tant son film a des airs de cours sur le vaudou. Didactique, Zombi Child s’impose grâce à des clins d’oeil légitimes au Carrie de Brian de Palma et une photographie proche du poétique. Ses séquences terrifiantes sont insérées avec une nonchalance qui frôle l’admirable tandis que le climax scénaristique est enjolivé par le jeu d’acteurs convaincants.
S’il ne s’agit pas du meilleur film de Bertrand Bonello, Zombi Child demeure une belle incursion dans le film de genre. On applaudit.
wyzman
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