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Canción Sin Nombre (Song Without A Name)

Quinzaine des réalisateurs - Compétition



BEBE VOLE





« Ne vous inquiétez pas pour l’argent, d’accord ? »

Un film poignant

Pérou, 1988. Alors que la guerre civile avec le Sentier Lumineux bat son plein, Georgina et son marie Leon attendent leur premier enfant. Sans ressources, elle entend une annonce à la radio d’une fondation qui aide les femmes enceintes. Elle se rend dans leur clinique pour profiter de soins médicaux gratuits. Mais après son accouchement, elle n’a pas le droit de voir son bébé et se retrouve mise à la porte du lieu. Décidée à retrouver sa fille, elle fait appel au journaliste Pedro Campos pour mener une enquête.

Pour son premier long métrage, Melina León s’est rendue sur les terres de ses ancêtres afin d’en apprendre davantage sur un scandale que lui a relaté son père, celui d’un trafic international de bébés péruviens. Particulièrement motivée à raconter une étape clé de l’histoire du Pérou, la cinéaste enchaine les choix judicieux pour parvenir à un résultat hautement convaincant.

Il y a tout d’abord ce cadre : le format 4:3 structure son image et lui permet de centrer un peu plus le regard du spectateur sur son héroïne incarnée par la spectaculaire Pamela Mendoza. Pour son premier rôle, la jeune femme donne de sa personne et crie toute la détresse de son personnage. Issue d’une communauté amérindienne, Georgina est livrée à elle-même, ce qui rend la performance de son interprète encore plus magistrale.

Autre choix cohérent : ce noir et blanc qui permet de retranscrire un Pérou rural, froid et parfois dangereux. Grâce à un travail d’orfèvre sur les ombres et les nuances, Melina León et son chef-op’ Inti Briones restituent le désespoir, la colère et la peur des lendemains propices aux périodes de forte inflation. Car outre un drame poignant, Canción Sin Nombre est un portrait-charge du Pérou, à une époque ou politiques et forces de l’ordre sont corrompus et/ou dépassés.

En cueillant le spectateur aux moments où il s’y attend le moins pour lui proposer des ralentis de toute beauté et des séquences musicales fortes, Melina León réussit un tour de force : calmer le jeu tout en accentuant la tension dramatique. Et la performance de son lead masculin y est pour beaucoup. En journaliste homosexuel mais dans le placard, Tommy Párraga captive. Son jeu tout en retenue en dit d’ailleurs long sur l’époque à laquelle les personnes évoluent.

Puissant et beau, Canción Sin Nombre est un grand film qui n’est pas sans rappeler Roma d’Alfonso Cuarón. Tout un programme !

wyzman



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