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On va tout péter

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France


NOT ON THEIR WATCH





« Les consommateurs peuvent-ils provoquer du changement social ? »

En s’intéressant aux ouvriers d’une usine d’équipement GM&S menacée de fermeture en 2017, le cinéaste Lech Kowalski tente de dresser le portrait d’un mouvement précurseur des gilets jaunes.

Documentaire nécessaire

Absolument incontournables au moment des faits il y a deux ans, les ouvriers de La Souterraine (Creuse) ont surpris tout le monde en annonçant vouloir brûler leur usine si une liquidation judiciaire était actée. Bien déterminés à sauver leurs 277 postes, ces hommes et ces femmes partent rapidement en croisade contre tout un système qui, aujourd’hui encore, semble se ficher de la classe populaire.

Habitué des documentaires sur la scène punk rock, Lech Kowalski s’autorise ici une digression qui n’en est pas vraiment une. Car le combat que livre les ouvriers a tout d’une rebellion. Celle de ceux qui refusent d’être maltraités après avoir passé plusieurs décennies dans une même usine, une même société, sans jamais se plaindre ou exiger davantage. Celles et ceux qui veulent vivre ou partir avec dignité.

Mais On va tout péter ne fait pas qu’expliquer les tenants et aboutissants d’une situation qui a stagné pendant des mois et qui est le symbole de la désindustrialisation de la France. On va tout péter s’autorise une critique des classes sociales nécessaires pour comprendre la colère et le désespoir de ces personnages bien réels. Sous les ordres du « roi » (Emmanuel Macron est clairement désigné), le peuple (alias les ouvriers de GM&S) ne sait que faire. Voilà pourquoi leurs actions se font de plus en plus radicales.

Portraits d’hommes et de femmes

Au-delà du drame économique qui touche La Souterraine, On va tout péter prend le temps de raconter les parcours et les destins de certains protagonistes. De ceux qui ont connu le tout premier propriétaire de l’usine à ceux qui viennent tout juste d’être embauchés en passant par ceux qui fêtent leurs 30 ans dans la boîte, tous ces personnages ont eu des parcours différents. Mais ils se retrouvent ici, dans cette usine où ils se sont créés un autre foyer.

Et comme leur délégué général le dit si bien à l’heure où les chances de sauver tous les emplois se font de plus en plus minces : « Il faut s’entraider, il faut se soutenir. » Loin d’être déconnectés des réalités, ils ont tous pleinement conscience des épreuves qui peuvent attendre ceux qui vont définitivement perdre leur emploi : rupture sociale, dépression, alcoolisme, suicide. C’est pourquoi malgré de nombreuses maladresses techniques (caméra trop mouvante, scénario peu lisible, rythme irrégulier), On va tout péter remplit son rôle : remettre dans l’esprit du spectateur les noms et visages de ceux dont la lutte continue. Si visuellement le résultat peine à convaincre, l’effort est bien présent.

D’On va tout péter, on retiendra la nécessité de consommer local (voire national) et ces interactions surprenantes entre ouvriers et CRS venus les déloger. Loin de la haine manichéenne que certains médias relatent ou pointent du doigt, il y a comme souvent un profond respect entre les deux camps qui « s’affrontent ». Il est bien dommage que tous les politiques n’en aient pas toujours conscience.

wyzman



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