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Mirai, ma petite soeur (Mirai)

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Japon / sortie le 26.12.2018


HAUT LES SOEURS !





"Une fois qu’on a compris l’essentiel, on se débrouille avec tout. "

Mamoru Hosoda (La traversée du temps, Ame et Yuki - Les Enfants Loups, Le Garçon et la Bête…) est de retour avec un conte poétique et léger sur le thème de la fratrie, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2018, puis au festival d’Annecy. Fortement inspiré de l’expérience personnelle du réalisateur, le film aborde avec une simplicité presque documentaire un sujet bien connu des jeunes parents : le bouleversement quasi cataclysmique que produit l’arrivée d’un nouveau bébé dans la vie familiale. Pour ce faire, il adopte le point de vue d’un petit garçon d’environ 4 ans, Kun, qui est le plus directement impacté par cette nouvelle configuration familiale.

Il est aussi forcément celui qui réagit le plus bruyamment au changement, et le cinéaste le représente donc frustré et en colère, pris d’énormes crises et multipliant les bêtises, notamment quelques tentatives physiques de blesser cet encombrant bébé. Heureusement, comme toujours dans le cinéma de Hosoda, le fantastique n’est jamais loin pour apporter une réponse symbolique aux dilemmes ou problèmes existentiels des personnages. Les séquences oniriques viennent donc symboliquement aider Kun à grandir et passer le cap de l’enfant unique, notamment grâce à l’idée extraordinairement poétique de permettre à Kun de communiquer avec sa petit sœur (devenue grande) et de suivre tout un chemin initiatique le rassurant sur sa place dans la famille et sur ses racines.

Ces passages, souvent spectaculaires, parfois même assez hallucinants, permettent à Hosoda de faire la démonstration de sa mise en scène toujours aussi virtuose : larges mouvements de caméra, animation foisonnante et vive, cadres inventifs… Ils tranchent avec le rythme plus lent et la spatialisation plus structurée des scènes familiales, comme saisies sur le vif. Dans les deux cas, le réalisateur ménage de véritables moments d’émotion, mais surtout beaucoup de séquences bourrées d’humour. Face à ces enjeux familiaux minuscules (pensés à hauteur d’enfants donc prenant vite des proportions disproportionnées), le récit alterne les éclats de violence et les moments de tendresse, le découragement des parents et leur amour pour leurs enfants, la complicité entre Kun et sa sœur, puis leur indéfectible rivalité… Malgré la simplicité de son propos (et une conclusion un peu trop « gentille » sur les joies de la parentalité et de la fratrie), Hosoda capte ainsi la vie de famille dans toute sa joyeuse complexité, jamais monolithique, et toujours dans un équilibre précaire entre le bonheur de vivre ensemble et le prodigieux agacement de devoir se supporter.

MpM



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