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Shéhérazade

Semaine critique - Séances spéciales
France / sortie le 05.09.2018


UNE JEUNESSE MARSEILLAISE





Shéhérazade a tout du film charmant, dont on devine les bonnes intentions dès les premières minutes. En faisant écho aux vagues migratoires récentes, le prologue – des images d’archives de l’immigration à Marseille – fait un raccourci pour expliquer la pauvreté d’une ville cosmopolite et schizophrénique.

A partir de ce décor, un peu cliché avouons-le, sous l’influence d’un néo-réalisme italien métissé à un hyper-réalisme à la Dardenne, le réalisateur Jean-Bernard Marlin nous raconte l’histoire initiatique de deux ados, l’un sortant de prison (voyou devenant proxénète), l’autre prostituée. Le mâle alpha et la pute, là encore, cela nous semble déjà vu, convenu et même un peu facile.

L’amour et le danger vont faire mauvais ménage dans cette cité violente où les vies sont sur le fil. Difficile d’être touchés, d’autant que Kenza Fortas est peu convaincante en prostituée un peu inhibée.

Avec un récit déséquilibré, pour ne pas dire flottant entre plusieurs genres, la dimension dramatique et celle plus romantique ont du mal à s’allier harmonieusement. Quant à l’aspect social, il semble un brin naïf et trop rousseauiste pour nous satisfaire.

Cette chronique méditerranéenne, beaucoup trop longue, reste malgré tout un film plutôt positif, valorisant une jeunesse abandonnée. S’il effleure trop de thèmes, à commencer par la sexualité et le genre, s’il semble parfois plus documentaire que fiction, ce qui le singularise aussi, il possède une énergie vibrante qui lui donne un certain charme. Il manque cependant le naturalisme et l’incandescence d’un film comme Sauvage pour être aussi bouleversant qu’un Kechiche ou profond qu’un Guédiguian. Si bien que l’empathie forcée (la complainte des délinquants, air connu) trouble cette épopée humaniste (la victimisation, refrain dans l’air du temps).

vincy



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