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Vénus et Fleur (Vénus et Fleur)

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 23 juin 2004


Quatre aventures de Vénus et Fleur




"Allo Fleur, c'est Bonheur"

Au fur et à mesure de ses films, le style d’Emmanuel Mouret se précise. S’affirme aussi. Le dernier (Laissons Lucie faire) nous laissait perplexes. On voyait bien que c’était pour rire et que l’extrême légèreté du ton, ainsi que la fausseté du jeu des acteurs, n’étaient pas involontaires. Mais de ce film, on ne retenait pas grand-chose, si ce n’est l’agacement ressenti lorsqu’on le visionnait (non, là, décidément, c’était trop).
Avec son second long-métrage, Emmanuel Mouret franchit un cap. On est toujours dans la caricature, dans le pas sérieux et le second degré, mais le film s’étoffe. Vénus et Fleur, c’est un peu du Rohmer que l’on aurait croisé avec du Max Pécas, Reinette et Mirabelle qui auraient rencontré Les Branchés à Saint-Tropez. Le scénario est d’une simplicité déconcertante (deux amies sont amoureuses du même garçon). Lesdites amies se parlent souvent de choses banales, de garçons («On veut des garçons ! On veut des garçons » scandera Vénus), de leurs personnalités opposées (Fleur est timide et attend que le prince charmant vienne tandis que Vénus est intrépide), de leur presque jalousie l’une envers l’autre (l’extravertie voudrait être simple et calme et vice versa). Leurs rapports, même si certaines conversations sont plus profondes que d’autres, sont extrêmement puérils.
Alors c’est drôle, parfois très drôle. Les situations sont tellement énormes que ça fonctionne. On est dans l’ultra niais volontaire, dans le jeu souvent dissonant et dans le faux. Mais c’est justement cela qui confère au film son côté charmant qui opère de plus en plus. Rien que les prénoms sont irrésistibles (« Bonjour, je m’appelle Bonheur »). En même temps, avec ce côté décalé dans le traitement des scènes, le film dégage une certaine fraîcheur. La candeur des personnages (surtout celui de Fleur), donne une dimension presque enfantine au film. Parce que cette histoire se rapproche de la fable avec ses personnages un peu désuets, un peu caricaturaux et une conclusion heureuse (car c’est une jolie fable positive).
Côté interprétation, on se demande au départ où le réalisateur a bien pu trouver de telles merveilles (une fausseté de jeu inénarrable qui n’est pas loin d’évoquer les plus terribles sitcoms). Mais très rapidement, ce jeu se justifie et on ne peut s’empêcher d’être conquis. Avec Venus et Fleur, Emmanuel Mouret poursuit son chemin et peaufine un esprit plutôt singulier dans le panorama du cinéma français actuel. Il nous distille ici une fable légère et drôle qui se regarde avec beaucoup de plaisir. D’ailleurs, pour parler de son cinéma, il dit : « Je ne me sens pas de faire des films qui ressemblent à des châteaux forts qui visent à vous couper le souffle. Je préfère essayer de faire un film qui ressemble à une petite fontaine vers laquelle on vient, un jour de grande chaleur, pour se passer un peu d’eau sur le visage ». A suivre.

Laurence



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