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Bad Santa (Bad Santa)

Sélection officielle - Hors compétition
USA


SANTA BARBARE





«- Souhaite d’une main et chie dans l’autre. Laquelle se remplit le plus vite ?»

Un régal. Selon Freud il faut tuer le père. Selon nous, il est tout aussi sage de saccager le mythe du Père Noël. A l’instar de Shrek qui détruit notre vision des contes pour enfants, Bad Santa, loin d’être une parodie du film classique hollywoodien sur le Santa Clause, s’avère un portrait qu’on pourrait titrer : « le père noël est une raclure. »
Trash, des fuck plein la bouche, complètement ivre au point de gerber ou de se piser dessus, la magie de Noël se transforme en cauchemar éthylique. Jouissif.
En fait Bad Santa est un exutoire. La principale cible est bien le politiquement correct : que ce soit dans le langage (il faut voir les tourments que provoquent le fait de dire le mot « nain »), dans les actes (la menace du procès pour discrimination, un gag désormais récurrent dans le cinéma US), et dans le dialogue (volontairement grossier). Ici le Père Noël est sodomite, l’associé est un nain noir et le sauveur un gamin obèse. Gloire aux marginaux. C’est bien une Amérique de délaissés, de ceux qui n’ont pas accès au rêve américain, aux cadeaux familiaux, qui est ici dépeinte.
Là aussi, les victimes du système essaient de survivre, violemment face à l’injustice permanente. Ils savent en user, en abuser. En face, la middle class est piégée par ses propres règles, son hypocrisie, ses mensonges, sa soif de pouvoir. Une Amérique humiliée qui horrifie les braves mères et qui effraient les charmantes têtes blondes. A force de leur mettre des œillères, ils deviennent aveugles.
Bad Santa n’est jamais que l’illustration d’une Amérique détraquée, celle des rassurés (par leur confort matériel, leur rituel) et celle des agresseurs (qui veulent une part du rêve). Là où le film nous réjouit c’est qu’il tient sur toute sa longueur. Il est incorrect jusqu’au bout et nous évite un Happy end. Par certains aspects, les raccourcis scénaristiques desservent l’histoire au profit du rythme. De même, la dinguerie a du mal à cohabiter avec un propos plus dramatique. A défaut d’une détresse ressentie, Billy Bob fait très bien passé son humanité tardivement révélée. Cet acteur parvient à être réellement hilarant (il faut le voir jouer au flipper comme il tirerait une nana). De même les rendez vous entre Mac et Ritter sont de grands moments traduisant le désarroi de l’Amérique moderne.
Comédie noire où l’on rit jaune quand on ne s’esclaffe pas, le cinéaste oppose les pulsions assumées des uns aux opinions cachées des autres. Jamais pervers ni pathétique, tout est livré pour le spectacle. Aucun respect pour les institutions. Et ça fait du bien. Quelques expressions sont à retenir. Et l’outrance rend l’ensemble harmonieux, même lorsqu’un cornichon en bois peut servir de godemichet. A moins de croire au Père Noël, dont Billy Bob incarne la preuve vivante qu’il n’existe pas, ce film vous est vivement conseillé. Bien qu’il passe un peu superficiellement sur un discours en faveur des vraies valeurs (l’amour des siens) compensées souvent par une overdose d’achat (l’opulence, mère de tous les maux), Bad Santa, aidé par une musique classique se moquant des clichés hollywoodiens, vous fera bien plus délirer que Casse Noisette. Rien ne vaut finalement un casse couilles pour ça.

vincy



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