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The Assassination of Richard Nixon (The Assassination of Richard Nixon)

Certain Regard
USA


TROP HONNÊTE





«- Et mes droits ?
- T’as le droit d’être en colère.
»

Ce film possède tous les ingrédients pour nous séduire : un casting royal, des producteurs de rêve, un sujet intriguant et un titre racoleur. Car, au cas où certains ne l’auraient pas compris, Nixon n’a jamais été assassiné autrement que par deux journalistes révélant l’affaire du Watergate.
La déception que l’on perçoit provient d’un sentiment de déjà vu. Car si le film a toutes les qualités susmentionnées, avouons le, la réalisation ne le sort pas du cadre attendu, ce qui en fait un film convenu. Transcendé par l’interprétation de Sean Penn (tous les autres faisant office de second rôle) The Assassination of Richard Nixon s’inscrit dans la lignée des films de losers névrosés, dans le voisinage de films comme Falling Down (Michael Douglas), About Schmidt (Jack Nicholson), ou même Le Huitième jour (Daniel Auteuil). Si Penn n’était pas aussi touchant, l’oeuvre ne serait sans doute pas aussi attachante.
Il est intéressant de voir que le cinéma Allemand, Coréen ou Américain (version indépendant) s’intéresse à la même décadence : l’homme soumis au système. En ouvrant le feu contre une démocratie qui s’autorise à mentir constamment (pour gagner de l’argent ou se faire réélire), Niels Mueller, dont c’est le premier film, démontre clairement à quel point il est intelligent de faire un parallèle entre Nixon et Bush. "Liar Liar". Malgré le Vietnam, malgré la crise du pétrole et la hausse du baril, malgré une montée du chômage, Nixon fut réélu en 1972.
Ici aucun Michael Moore pour dénoncer la machination du malhonnête. Juste un homme trop honnête, trop intègre, trop idéaliste, qui sera piégé par sa vertu, et se transformera en ennemi, en monstre. C’est sans doute le vrai défaut du film. Un personnage trop caricatural (névrosé, divorcé, victime de bout en bout) et pas forcément sympathique pour qu’on puisse adhérer à son regard, somme toute assez juste, sur la société. Certains éléments ne nous sont pas expliqués. Pourquoi écrire à Leonard Bernstein ? Cela fait partie des mystères de l’œuvre qui se revendique auteuriste.
Ce film, portrait glorifiant les losers et méprisant le diktat des winners, prend en grippe les compromis. Comme beaucoup de ses collègues, Mueller cherche à réveiller les masses à travers un cinéma engagé sur le fond, mais sage sur la forme. Les failles de 1973 sont finalement des temps durs pour les utopistes. «Je reste un honnête homme et si c’est ça qui va me perdre, ainsi soit-il.»
Car l’honnêteté ne paie pas. La preuve, le film compatissant trop avec le destin fatal de son personnage, ne parvient pas à nous réveiller de notre torpeur. Requiem trop lent, cette tentative d’attentat aurait mérité un traitement plus violent. En étant peut-être moins déprimé, plus cynique, plus vendeur finalement, il aurait sans doute un potentiel commercial et critique plus important. A ne pas se laisser corrompre on finit seul. Ceci écrit, Niels Mueller s’avère un auteur à suivre, et possède un point de vue méritant d’être défendu. Pas de quoi l’assassiner.

vincy



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