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Fiche du film

 

Out

Certain Regard
Hongrie / sortie le 02.08.2017


UN HOMME DOUX





«Une bière pour ceux qui se mettent à poil.»

Avec Out, György Kristof nous propose un étrange voyage. La première image nous piège dans un filet, avec des poissons. Métaphore visible de ce que sont les travailleurs. Agoston (Sandor Theres, charismatique) est licencié, victime du réformisme, de la productivité, de la rentabilité, tout ça.

C’est très photogénique. L’image sauve d’ailleurs toutes les faiblesses du film. On en vient à admirer des monstres industriels plutôt que de se préoccuper des gens qui fourmillent autour.

Car, paradoxalement, quand il s’agit de filmer l’ennui, la monotonie, le cinéaste est assez inspiré. Mais dès qu’il s’aventure dans des actions, le film se banalise.

Son cinéma contemplatif supporte mal les contraintes d’un récit qui oblige son personnage errant à avancer. Plus ou moins heureuses, ses rencontres sont très inégales, et pas forcément pertinentes.

Ce travailleur détaché, plongé dans des situations absurdes, aurait fait un formidable héros Kaurismakien. On y pense fortement en voyant ce port, ce presque SDF, ces gens aux gueules cassées. Ici l’humour est plus froid. Mais il existe. La dénonciation est plus didactique, parfois simpliste. Mais elle soulage.

György Kristof montre une Europe factice : aucune solidarité entre les travailleurs, protectionnisme économique, corruption hypocrite, délires consuméristes. Finie l’Internationale à l’Est de Berlin.

La peur pour chacun de ne plus rien valoir « sur le marché » fait exploser la moindre humanité. C’est regrettable que le cinéaste n’ait pas su mettre plus de liant entre ses idées, n’ait pas su construire une dramaturgie baroque à la Gilliam. En hésitant sur la forme, il perd le fond.

Le film est un peu barré (du lapin empaillé qu’il se trimballe à la blonde complètement refaite esthétiquement au point de ressembler à une poupée gonflable, l’un des personnages les plus laids du 7e art). Out part finalement dans tous les sens, même s’il ne dépasse jamais le stade du portrait d’un homme paumé.

Dans ce monde hostile, où les gens sont fous, Agoston, vestige au pieds d’argile, largue les amarres et s’isole de son passé. Il se préserve en travaillant, loin des siens. Le film s’est ainsi étiré durant une heure trente sans qu’on sache vraiment s’il s’agissait d’un éloge du travail ou d’une critique ironique de l’oisiveté.

vincy



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