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Vincent Pérez
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Bienvenue en Suisse (Bienvenue en Suisse)

Certain Regard
Suisse / sortie le 30 juin 2004


Vous aimez la Suisse, ou bien ?




« C’est typique d’une certaine catégorie de Suisses de ne pas aimer la Suisse. »

Bienvenue en Suisse est une comédie plutôt sympathique soutenue par une galerie de comédiens attachants. Le début nous entraîne joyeusement dans les tribulations de deux intellectuels français (Denis Podalydès et Emmanuelle Devos) au pays des Helvètes. L’opposition de ces deux personnages et des Suisses donne lieu à quelques réjouissances, certes un tantinet caricaturales, mais tout à fait plaisantes. Il y a tout d’abord la propreté et la discipline légendaires de la Suisse parfaitement inadaptées à l’esprit de nos deux Français. Ceux-ci se font rabroués lorsqu’ils jettent des papiers par terre, lorsqu’ils traversent au feu vert ou encore, lorsqu’il arrivent à 12h05 à un déjeuner familial prévu à… midi. Tout cela donne lieu à des scènes et des dialogues cocasses qui ne sauraient laisser de marbre. Bref, on rit volontiers et, d’un point de vue français, la Suisse nous paraît subitement invivable. Tout est prétexte à polémique, comme si ces deux pays étaient aussi différents que le Gabon et la Norvège. Léa Fazer réussit à construire une opposition vive et drôle qu’elle formalise avec une mise en scène alerte et des dialogues souvent brillants.
Le film ne fonctionne pas que sur cette unique opposition. La réalisatrice confronte également les valeurs de l’esprit et celles du corps et de l’argent. Outre le fait d’être devenu français, Thierry a le malheur d’être ethnologue et intellectuel. Ce sont donc surtout la pensée qui prime, au détriment de la vie soi-disant saine en montagne et des affaires. Là encore, sa famille ne comprend pas et les presque joutes verbales sont parfois un régal (« qu’est-ce que vous faîtes ? » « On joue à connais-toi toi-même avec les deux intellectuels »). Cette seconde opposition sert aussi de ressort au film et permet d’ouvrir sur une intrigue, ou plutôt sur deux intrigues.
Parce que cette comédie ne s’arrête pas là. Sur ce fonds de choc culturel, la réalisatrice rebondit et tisse une histoire autour de deux thèmes : l’origine de la fortune de la famille et le trouble ressenti par Sophie pour le solide cousin helvète Aloïs. Si la première est surtout anecdotique (la réalisatrice va jusqu’au dénouement mais on sent qu’elle est mal à l’aise et que peut-être, le film aurait gagné à éluder ce point), la seconde devient la fondation de la deuxième partie du film. Sophie se trouve confrontée à un choix cornélien entre son ami intellectuel qu’elle aime et admire et son antithèse, à savoir un vigneron-montagnard riche (interprété par un surprenant Vincent Pérez). Là encore, c’est l’exacerbation de l’opposition, mais la caricature est la plupart du temps peu gênante. La plupart du temps seulement car parfois, le film s’enlise malheureusement un peu et certaines scènes sont un rien too much (le sauvetage en montagne notamment).
Néanmoins, Léa Fazer, pour un premier film, a construit une plus qu’honnête comédie que, dans l’ensemble, on regarde avec beaucoup de plaisir. Un mot enfin sur les comédiens qui sont tous truculents, le trio Devos-Podalydès-Pérez en tête, et la trop rare Marianne Basler.

Laurence



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