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Dawn of the dead (Dawn of the dead)

Sélection officielle - Séances spéciales
USA / sortie le 30 juin 2004


REST IN PEACE







“Tout le monde est mort, ta mère est morte, ton frère est mort, la grosse chaudasse du Dairy Queen est morte, tous morts… »



Le jour où les scénaristes seront vraiment à court d’idées, les vieux classiques qui traîneront sur les étagères des vidéoclubs reviendront hanter vos écrans. Tel pourrait être grosso modo l’adage de ce remake, vaguement calqué sur la baseline du chef d’œuvre original de George A. Romero. Car il s’agit bien ici d’un remake proclamé, destiné à réhabiliter, ce qui reste comme une référence dans le cinéma d’épouvante, au près d’un jeune public toujours friand de sensations un peu plus fortes. La reprise est dorénavant caduque puisque l’attente, formatée par les codes du moment, interdit à la majorité des nouvelles pousses de cinéphiles d’accorder un poil d’attention à tout morceau de pellicule imprimé au-delà de dix ans (et encore !). Il faut donc refaire à défaut de créer, usage qui ne perturbe pas les studios peu inspirés ces derniers temps et peu enclins à prendre des risques. Dans une logique d’étique, la démarche peu donner un Psycho refilmé au plan près par Gus Van Sant. Peu gratifiant pour le réalisateur mais tout à fait respectueux de la mémoire du maître Hitchcock. Dans un souci beaucoup plus mercantile, d’autres génies du septième art se verront moins bien traités. Tobe Hooper en a ainsi fait les frais il y a peu avec le très critiquable Massacre à la tronçonneuse nouvelle formule, l’humiliation sera semblable pour Romero, autre pape du cinéma traumatisant. En recyclant la marginalité passée de son patrimoine, pour en faire des œuvres de consommation putassières et en tout point conformes aux lois du marché, c’est dans un véritable travail de révisionnisme que l’industrie hollywoodienne s’est proprement lancée, remplaçant méticuleusement les éléments dérangeants de chaque modèle subversif ou simplement expérimental, pour n’en livrer que de pâles copies dénuées de sens et d’âme.



L’hypocrisie n’en est que plus salace dans la mesure où Dawn of the dead cru 2004, se révèle en tout point bien plus explicitement violent que son prédécesseur. Mais l’ensemble peut aisément passer pour une gigantesque partie de paintball décérébrée, rythmée d’effets gores et d’explosions apocalyptiques qui peinent à masquer le manque total d’ambitions et d’engagements. Passée à la trappe l’évocation paranoïaque initiale du racisme occidental vis-à-vis des populations immigrées, ces misérables qui avaient l’audace de venir frapper à la porte du garde manger des pays industrialisés. Car les zombies de Romero, puisqu’il faut le rappeler, n’étaient bien évidemment rien d’autre que la représentation des laissés pour compte, ceux qui vivent le mirage de l’opulence libérale tels des somnambules marchant vers la frontière de la terre promise, encombrants cousins qu’on pensait avoir enterrés. Sauf que la production se tamponne des visions alter mondialistes avant l’heure de Romero, tant cette sauce ne leur semble pas rentable et incompatible avec leur propre vision du globe (la chose doit rester exportable sur l’ensemble du parc international, là est le but principal). Elle préférera donc livrer une réédition tronquée de tout militantisme tendancieux (adieu la séquence magistrale de la descente des forces de police dans les squats) pour ne délivrer que de l’adrénaline frelatée qui ne dérangera personne et abrutira dans le sens du poil.



Alors que dire de cette resucée pour être conciliant et ne pas sombrer totalement dans l’amertume? Que Zack Snyder, la relève passive assimilée à un cinéaste réussit au moins l’introduction de son film, nous plongeant dans l’horreur d’un matin blafard en extirpant son héroïne de la douce réalité avec un sens évident de l’efficacité. Il se fatigue en revanche très vite, se désintéressant de l’intégralité de son casting pour soigner ses macchabées surexcités, dopés probablement aux amphétamines comme le veut l’usage depuis le consternant Resident Evil. Non, même avec la meilleure des volontés, on préférera jeter le bébé zombiesque (référence à la séquence pitoyable de l’accouchement qui restera une initiative totalement ridicule…) avec l’eau du bain.
La sélection de cette imposture en sélection officielle à Cannes, même hors compétition, frôle définitivement la farce de mauvais goût.

PETSSSsss



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