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Voir du pays

Certain Regard
France / sortie le 07.09.2016


LES COMBATTANTES





Les cinéastes français prennent goût à la guerre, ses entraînements, ce côté Full Metal Jacket. Mais tout le monde n’a pas la bonne idée des Combattants : un angle singulier d’où s’échappe les doutes et les failles de ceux qui doivent rester déterminer et ne pas faillir.

Voir du pays, c’est un peu la devise optimiste de nourri-logé-blanchi au service de la patrie, avec en bas du contrat le risque de mourir sans dédommagement (hormis une breloque). Dans une station balnéaire à Chypre, on est entre deux réalités, c’est une pause pour oublier l’horreur. Mais peut-on vraiment l’oublier. On aperçoit ce genre de lieu de décompression dans la récente série britannique, Molly, une femme au combat.

Le problème du film est vite cerné, outre son manque d’originalité : il s’avère assez répétitif et déjà vu. Au milieu de va-t-en-guerre qui pue la testostérone, la sueur et le machisme, deux femmes (Soko, Ariane Labed, bien dans leurs bottes, l’une tête brulée l’autre tête haute) combattent à la fois pour leur pays et contre le sexisme. Cependant, c’est là que le film trouve ses limites : à force de nous assommer avec des blagues potaches ou des remarques misogynes, à trop vouloir en faire des soldats pas comme les autres (elles doutent, elles ont des remords), les réalisatrices en viennent presque à légitimer la différence entre les sexes tout en restant fatalistes sur la bêtise mâle. On gardera quand même en tête cette volonté têtue de survivre dans ce milieu masculin, excluant et humiliant. La guerre des sexes semblent plus importantes que la guerre des hommes d’ailleurs.

Car on comprend bien que l’objet féminin (qui fait le lien avec 17 filles, leur précédent opus) est ce qui les intéresse, mais pourquoi les enfermer dans un rôle aussi convenu, où, finalement, les névroses, les traumas sont autant de mines anti-personnelles (trop nombreuses d’ailleurs) à que les multiples explosions et affrontements (qui se multiplient vainement).

Alors oui, la guerre c’est laid, oui ça rend les militaires fous ou perdus, oui il y a des morts et de la souffrance. Mais Voir du pays, à trop égrainer les clichés et les poncifs, passent à côté de son ambition : l’impossible reconstruction, l’après de la destruction.
En hésitant entre le portrait presque réaliste et un film de genre complètement fictif, il a fallu tisser le lien, avec beaucoup de mélo et de psycho. On regrette que ce film, dans son cadre absurde (un club de vacances), ne soit finalement pas plus audacieux. Le refoulement pouvait produire une œuvre autrement plus passionnante. D’autant que le cinéma a souvent exploré la préparation militaire, le combat en lui même et le retour au pays, mais jamais vraiment l’intersection entre le terrain où ils « travaillent » et le territoire qui les emploie.

Reste une mise en scène soignée, fondée sur des gros plans qui rappellent que ceux-là sont (encore) vivants et qu’autour,, passé comme présent et futur, tout est assez flou. Paumée dans le brouillard, l’humanité est ainsi en équilibre entre une certaine sensorialité et des pulsions animales et belliqueuses. Ainsi, on s’interroge sur cette glorification du corps musclé, guerrier, désincarné quand dans la tête tout est abîmé, écrasé, éparpillé.

vincy



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