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La Tortue rouge

Certain Regard
/ sortie le 29.06.2016


SEUL(S) AU MONDE





La Tortue rouge est la première collaboration des studios Ghibli avec une production européenne animée. On comprend l’intérêt du célèbre studio japonais pour le conte de Michael Dudok De Wit : une histoire la plus minimaliste possible (aucun dialogue), un dessin épuré et un récit qui se veut être une parabole de la vie.

La fable de ces personnages primitifs et sans langage, où le mythe (une tortue devenant femme) ne se lit qu’au premier degré, ne va pas beaucoup plus loin que ce qui est montré. Artistiquement, La tortue rouge est très beau (la nature y est d’ailleurs sublimée, y compris lorsqu’elle est dévastée). Le scénario, aussi simple soit-il, ne manque pas de poésie. Le cinéaste a su restituer la justesse des expressions, l’évolution des personnages et même ajouter quelques rôles secondaires pour les crabes (qui plairont aux enfants) et les tortues.

C’est charmant, et, à moins d’être cynique, adorable. On peut aussi trouver que tout cet excès de mignonneries lasse un peu. L’onirisme atteint rapidement sa limite quand on comprend qu’il n’y aura pas autre chose que l’émotion prévisible née d’événements touchants et l’humour enfantin. Dès lors qu’on nous raconte la vie d’Adam, Eve née d’une tortue et de leur progéniture, qui comme tout ado à un moment donné, voudra se casser, on ne fait que se laisser bercer par cette douce hallucination.

La vie sauvage offre peu de possibilités à des êtres humains. Aussi, à défaut d’un script inventif, les auteurs ont préféré la rêverie comme ce ballet aquatique où l’homme et la femme s’accouplent. Le temps qui passe amène quelques variantes. Mais l’ensemble reste un peu facile (comme cette mort sur fond de coucher de soleil).

Malgré les limites de son concept, La tortue rouge séduit par son trait fin, ses couleurs pastels chaudes, et nous accroche quand l’océan est enragé par la tempête et l’île menacée par un tsunami. On regrettera non pas une explication cartésienne (ce serait inutile, il s’agit d’un film « fantastique ») mais l’absence de degrés de lectures qui aurait pu approfondir cette histoire d’amour, de coquillages et de crustacés.

vincy



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