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Julieta

Sélection officielle - Compétition
Espagne / sortie le 18.05.2016


LA DOULEUR DE MON SECRET





«Jeter ton gâteau d’anniversaire à la poubelle était devenu une tradition.»

En voulant renouer avec un mélodrame féminin, Pedro Almodovar démontre son savoir-faire dans le domaine, mais il montre aussi une certaine impossibilité à se renouveler. Julieta est plus intimiste que de nombreux de ses films, moins flamboyant disons, mais peine à nous emporter vers l’émotion tant attendue. Tout comme son personnage principal, le cinéaste semble traverser une dépression tant le récit est dénué d’humour et s’attache à une gravité sans éclat.

Si le rouge est toujours présent, voyant, il a voulu insuffler d’autres couleurs qui en disent long : du vert et du marron assez ternes, un bleu froid. Almodovar n’a rien perdu de son talent artistique, de sa direction d’acteur, de ses cadrages toujours impeccables. Mais Julieta souffre d’un scénario trop convenu – notamment avec ce long flash-back qui nous explique les origines du drame de l’héroïne -, trop déjà vu si l’on compare au reste de son œuvre -, pour que nous soyons surpris et séduits.

Julieta est une histoire de femmes mais avant tout une histoire de culpabilité. De celles qui rongent les êtres et font dérailler leur existence. Coupables, sans être responsables de rien. Le suicide d’un homme, la mort d’un autre, l’abandon ou l’infidélité, le bonheur en plein deuil : elles se jugent durement alors qu’elles n’y sont pour rien. Mais ce sentiment déclenche tout : une rencontre amoureuse (et sexuelle), une amitié, ou encore une séparation.
Le cinéaste cite les mythes antiques, et en particulier L’Odyssée. Et il est clair que Julieta, Béa, Antia, Ava préfèrent l’aventure, quitte à se naufrager, au confort offert par une Calypso. Certaines écoutent, d’autres ignorent les paroles de la pythie (sacré Rossy Di Palma). De là découlera une évolution lente vers un drame intime. Les femmes sont blessées et trahies. Le temps passe (les horloges sont toujours là pour nous le rappeler). Et, de chagrin, Julieta vieillira soudainement (passant d’une actrice à l’autre) dans une jolie séquence très simple mais saisissante à la sortie du bain.

Sobre et sombre, le mélo est sauvé par la beauté et la justesse de ses comédiennes. Et par une fin qui annonce le pardon sans l’exhiber. C’est dans cette pudeur qu’Almodovar réussit à nous toucher. Pourtant, il a choisi un chemin plutôt balisé avec cette confession manuscrite, qui freine le lyrisme, même en mode mineur, d’une histoire où les passions sont tues. Et tuées.

vincy



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