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Asphalte

Sélection officielle - Séances spéciales
France / sortie le 07.10.2015


SOUS LES PAVÉS LA PAGE





"Vous prenez cette série trop au sérieux."

En adaptant pour le grand écran ses Chroniques de l'asphalte, Samuel Benchetrit insuffle à ce début d’automne cinématographique un petit grain de folie qui fait un bien fou. Drôle, précis, attachant, Asphalte nous fait découvrir avec malice une poignée de solitaires qui habitent dans le même immeuble triste de banlieue et dont chacun va vivre, le temps du film, une rencontre inattendue aux accents tour à tour absurdes ou poétiques.

Cette galerie de personnages est l’un des aspects les plus savoureux du film : il y a l'actrice des années 80 qui sympathise avec son voisin adolescent ; la mère de famille qui accueille un cosmonaute littéralement tombé du ciel ou encore le voisin grincheux du premier, suite à un accident, se retrouve contraint d'utiliser l'ascenseur en cachette. Ces individus ordinaires, parfois même un peu cabossés par la vie, se rencontrent, se découvrent, tissent quelque chose de ténu qui n'est pas vraiment de l'amitié, mais du partage et de la complicité, voire une relation quasi filiale comme dans le cas d'Aziza et du cosmonaute américain.

Les caractères bien tranchés, voire fantasques, en tout cas singuliers, des différents protagonistes renvoient le spectateur à ses propres travers et mesquineries dans un face à face qui tient autant de la catharsis que de l’ironie bienveillante. Véritable hymne à l'échange et au vivre ensemble, Asphalte s'oppose ainsi à l'individualisme forcené pour prôner un lâcher-prise qui ouvre la porte aux autres. Il montre que ce n'est ni le lieu, ni le décor qui font la qualité des relations humaines, et que dans ces conditions, le plus gros danger est le repli sur soi.

Reléguant les dialogues un peu au second plan, le réalisateur fait par ailleurs un remarquable travail visuel, générant parfois le fou-rire en trois plans juxtaposés, ou l'émotion à travers une ellipse. Il se dégage de son cinéma une poésie un peu lunaire et un humour tendrement cocasse qui esquissent du monde une vision jamais didactique mais toujours généreuse. Avec lui, on a à nouveau envie d’arpenter les vies de nos concitoyens, maladresses et failles comprises.

MpM



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