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Le Petit Prince (The Little Prince)

Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 29.07.2015


AU PAYS DE L’IMAGINAIRE





« Ce n’est que le début de l’histoire. De toute façon, personne ne comprend. »

Défi impossible ? Adapter Le Petit Prince s’avérait en effet une gageure, à moins de le trahir. Et c’est bien le cas : le film d’animation de Mark Osborne se compose d’une parabole de notre époque et du conte de Saint-Exupéry. Cela produit un assemblage hétéroclite mais pédagogique pour ceux qui n’ont pas compris les sens cachés du livre.

Dans un monde productiviste, statistique, symétrique, géométrique même, une petite fille et sa mère déménagent pour pouvoir profiter de la scolarité d’une Académie prestigieuse. Dans cette ville, il est impossible d’imaginer, de rêver, de s’amuser. Tout est planifié, calculé, maîtrisé. La mère est complètement control-freak même si elle a du mal à cacher ses angoisses. La gamine va, on s’en doute, perturber tout ce programme fataliste à cause de son vieux voisin. Car, une maison résiste encore et toujours à la monotonie, celle d’à côté où se bricole un avion dans le jardin. On comprend rapidement que le vieux monsieur n’est autre que l’aviateur qui a dessiné, dans ses jeunes années, le fameux mouton au célèbre Petit Prince. Par morceaux, il va lui raconter son incroyable histoire… et la petite fille va s’ouvrir aux rêves, découvrir des émotions inconnues et sécher ses devoirs.

Si la partie « contemporaine » manque d’originalité et souffre d’un graphisme assez banal, le récit du Petit Prince (avec la rose, le renard, le Roi, le vaniteux, les serpent, etc…) profite justement d’un dessin plus singulier et d’une histoire universelle. Ce contraste notable rend le film assez boiteux, d’autant que le rythme est bancal, alternant les séquences de manière systématique, et que le film veut prendre son temps pour expliquer le sens caché du périple de son héros. Avec Trenet en fond sonore, notre cœur aurait aimé faire boom. Mais à trop nous dicter le message (« Le problème n’est pas de grandir mais d’oublier ») et nous décrypter le roman, Mark Osborne oublie de lier l’ensemble à une vision plus onirique et à un scénario plus audacieux.

Heureusement, dans ce combat entre une vie où le superflu et l’enfance n’ont pas droit de cité et un monde imaginaire où le rêve est roi, le final va mélanger les deux parties pour démontrer que le Petit Prince est en chacun de nous et que la rose n’est pas obligée de faner. Le rêve de la gamine, à la veille de la rentrée des classes, va nous emmener dans une métropole peuplée de gens sinistres, où le ciel n’a plus d’étoiles et où le petit Prince est devenu grand. C’est comme Mary Poppins ou la fée Clochette, la fille trop sage s’en va vivre ses propres aventures à ses risques et périls et explorer à sa manière le texte de Saint Exupéry. Cela permet un peu d’action, un tempo mieux maîtrisé et un onirisme inquiétant loin de l’univers du roman. C’est dans cette trahison que le film réussit à rendre hommage à son matériau d’origine tout en se l’appropriant et nous livrer un point de vue plus décalé.

Hélas, il aura fallu attendre de voir une bonne partie d’un film très convenu, trop grave, pas assez fantaisiste, pas époustouflant esthétiquement et maladroit dans sa construction narrative pour profiter enfin d’un film d’animation qui nous embarque dans un pays réellement imaginaire. Une chose est certaine, voir Le Petit Prince donne envie de relire le livre.

vincy



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