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Marguerite et Julien

Sélection officielle - Compétition
France / sortie le 30.09.2015


L'AMOUR EST DECLARE





"- Ce mariage était la paix !
- Pas pour elle.
"

Pour raconter cette histoire d'amour hors normes entre un frère et sa sœur, Valérie Donzelli a paradoxalement choisi la forme du récit pour enfants plutôt que celle de la tragédie passionnelle. De cette manière, elle s'inscrit dans la lignée du conte de fées où les versions (et notamment l'issue finale) diffèrent en fonction des publics, et où (presque) tout est permis. La reconstitution historique ponctuée d'anachronismes (les calèches côtoient les hélicoptères) participe également de cette sensation, en convoquant le cinéma de Jacques Demy. On est ainsi immédiatement fixé sur la tonalité ambivalente que la réalisatrice a souhaité donner à ce Marguerite et Julien qui, à l’origine, avait été écrit par Jean Gruault pour François Truffaut.

Le parti pris esthétique est également très marqué : très gros plans, musique et dialogues ultra lyriques, couleurs intenses, effets de ralentis ou de plans figés... Mais au fond, quoi de plus logique qu'une mise en scène flamboyante au service d'une histoire follement romantique ? Tout ce travail formel accompagne les émotions vives véhiculées par le récit. Quitte à être parfois redondant, il est vrai.

Cette grande liberté de ton a en effet ses revers : outrances, maladresses, flirt avec le ridicule... Pourtant ; Valérie Donzelli a le mérite de proposer un film qui ne fait pas dans la demi-mesure et d’assumer ses choix jusqu'au bout. Elle parvient de cette manière à imposer sa vision baroque et emphatique du drame terrible qu’elle raconte. Sans doute était-ce d’ailleurs la meilleure option pour elle : se démarquer d’une version classique qu’on lui aurait probablement reproché d’avoir copiée sur Truffaut. En prenant le contrepied, la réalisatrice montre au contraire que son propre univers formel est déclinable au-delà du récit autobiographique, et qu’elle a sur l’histoire un point de vue intime. Non consensuel, voire périlleux, mais affirmé.

En ne cédant rien sur le plan de la recherche stylistique, Valérie Donzelli force le respect. D’autant que tous ses choix s’inscrivent dans la même démarche. Ainsi, en confiant les rôles principaux à la merveilleuse Anaïs Demoustier et au formidable Jérémie Elkaïm, elle confirme son désir d’aller vers un cinéma sensible et exalté. Anaïs Demoustier apporte au personnage de Marguerite une candeur et une pureté qui la placent au-dessus de tout jugement moral. Jérémie Elkaïm, lui, a tout du noble chevalier qui pratique l’amour courtois et est prêt à mourir pour celle qu’il aime. Ils mettent dans leurs interprétations un mélange de force et de naïveté qui fait d’eux des personnages romantiques par excellence dont le film capte avec énormément de justesse les élans tumultueux du cœur.

MpM



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