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festival-cannes.com

 

Mon Roi

Sélection officielle - Compétition
France / sortie le 21.10.2015


AMER AMOUR





On est ensemble séparément.

Maïwenn l'apprend a ses dépends, ce n'est pas parce qu'un sujet de film est fort que le film lui-même l'est forcément. Sur le papier, Mon roi a tous les atouts : une histoire intense, des acteurs justes et bien dirigés, des dialogues brillants. Pourtant à l'arrivée, on se lasse très vite de sa structure narrative paresseuse (allers et retours constants entre le passé et le présent), des scènes répétitives d'hystérie, des clichés sur le couple...

Paradoxalement, la réalisatrice étire sa démonstration sur l'infonctionnalité du duo formé par Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel alors qu'elle passe sous silence des années entières dont on ne saura rien. Autant la première partie promettait une histoire passionnelle et complexe, autant la seconde s'enlise dans une sorte de masochisme outré. La réalisatrice abandonne en cours de route sa légèreté légèrement décalée pour se laisser aller au drame convenu, et parfois agaçant.

Les personnages n'aident pas vraiment à s'intéresser aux nombreux atermoiements de l'intrigue, tant ils sont stéréotypés. Lui est le cas parfait de "pervers narcissique", elle est l'allégorie de la victime consentante. Ils ne sont guère plus sympathiques l'un que l'autre, ce qui ne serait pas un problème si le film n'essayait pas en permanence de nous émouvoir sur leur sort. On se sent plutôt oppressé par le piège qui semble se refermer sur la malheureuse Tony (et qui est cousu de fil blanc, puisqu'on nous met sans cesse sous le nez l'exemple de la "victime" précédente), jusqu'à ce qu'on ne sache plus vraiment si elle subit la situation ou se contente de l'entretenir. L'opacité de son comportement (tortueux) n'aide pas forcément à appréhender ce que le film dit pourtant entre les lignes de la puissance de l'emprise, de l'espoir sans cesse déçu d'un renouveau, de la force de l'amour qui empêche de partir...

La passion amoureuse, elle, disparaît rapidement des écrans radars et n'est jamais vraiment au cœur du film. La faute aux trop nombreuses ellipses qui ne nous permettent pas d'éprouver la force de l'attraction qui pousse ces deux là l'un vers l'autre, sans doute. Résultat, le principal problème du film est probablement qu'il laisse froid et profondément indifférent. Non pas qu'il soit mauvais, mais juste qu'il ne parvient pas à devenir autre chose qu'une succession de scènes, de dialogues et de situations mis bout à bout. Sans l'alchimie susceptible de transformer ces éléments disparates en objet consistant, il ne prend jamais corps. Ce qui est peut-être pire que d'être raté.

MpM



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