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The Tribe (Plemya)

Semaine critique - Films en sélection
/ sortie le 01.10.2014


LE MONDE DU SILENCE





Un film choc fait-il un bon film ? Faire vivre au spectateur une expérience "inédite" est-il suffisant pour justifier tous les travers d’un cinéma voyeur, complaisant et truqué ? Face à The tribe, film ukrainien en noir et blanc, composé de longs plans séquences et entièrement tourné en langue des signes non sous-titrée, la question revient, lancinante, tout au long des 2h10 que dure le long métrage.

Certes, le parti pris artistique de Myroslav Slaboshpytskiy force l’intérêt, de même que sa mise en scène fait une forte impression. Le cinéaste immerge le spectateur dans un univers où tout lui échappe pour mieux lui faire vivre le quotidien de ses personnages. Soudainement, c’est lui, l’entendant, qui est perdu face à un monde dont il ne décode pas les signes. Mais une fois cette immersion réalisée, une fois la première demi-heure passée, The tribe se met à tourner en rond sans offrir rien de plus que cette expérience décalée. Le scénario s’étire alors dans une surenchère de violence gratuite, de situations abjectes et de scènes insupportables que le film, avec ses vastes plans élégants et son noir et blanc très contrasté, semble esthétiser à outrance.

En plus d’être contestables (pourquoi ne pas sous-titrer le langage des sourds-muets au même titre que toute autre langue ?), ces artifices formels dissimulent un procédé plus marketing que cinématographique, plus manipulateur que sincèrement radical. On a le net sentiment d’être face à un film pensé pour briller dans les festivals à tous prix, au détriment des personnages, du récit et même du spectateur.
Cinématographiquement, c’est effectivement une expérience captivante et rare. Humainement, en revanche, c’est un mélange d’outrance misérabiliste et d’esthétisme putassier que rien ne vient justifier.

MpM



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