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Captives (The Captive)

Sélection officielle - Compétition



DE SALES LENDEMAINS





«- Vivre me manque.»

Avec Captives, Atom Egoyan revient à ses constructions narratives complexes, mélangeant les passés et le présent, comme on mélange les pièces d’un puzzle pour découvrir au final l’œuvre entière. D’ailleurs, il est bien question d’un puzzle : à partir de quelques pièces, on peut deviner quelle est l’histoire, même si on n’en voit pas la cohérence à première vue. Cela exige de la concentration, au moins dans un premier temps.

Car, le cinéaste, en atomisant son histoire, ne parvient pas à maintenir la difficulté d’un tel procédé jusqu’au bout. Il est contraint, à la moitié du film, d’emprunter les chemins plus balisés du polar d’investigation. Si bien que toute l’originalité du récit durant la première heure s’avère finalement assez artificielle. Comme s’il avait buté sur l’issue à trouver. Et de facto, la fin nous laissera un arrière goût de frustration tant elle est formatée, moralisatrice, heureuse.

Paradoxalement, le film veut absolument se distinguer d’une série TV avec des moyens cinématographiques évidents - casting (dominé par une merveilleuse Mireille Enos), musique (Mychael Danna sait faire monter l’inquiétude), image (paysages enneigés pour film noir) – et se laisse aller dans un scénario aussi prévisible qu’un épisode de FBI Portés Disparus. A cela s’ajoute quelques personnages stéréotypés, notamment le psychopathe, forcément mélomane et par conséquent maniaque et un peu dérangé.

Reste qu’Egoyan, en revenant à un cinéma qui l’a rendu célèbre et l’a placé parmi les surdoués de sa génération, semble plus inspiré avec cette histoire de pédophilie et de séquestration qu’avec ces derniers films. Captives, sans atteindre les brillants Exotica, De beaux lendemains ou même Voyage de Félicia, est son travail le plus abouti depuis 10 ans.

En s’intéressant à ces personnages brisés, en nous baladant à travers les époques (du moment de la disparition de la petite Cassandra à la résolution de l’énigme, il y a 8 ans), il esquisse de nombreuses pistes. Malheureusement, il ne les exploites pas toutes, et délaisse même les plus intéressantes. Comme cette rivalité entre le père et le flic, qui surgit réellement dans la seconde partie, mais dont l’obstination et l’objectif communs en font deux faux frères cherchant le même coupable. Ou ce réseau de pervers dont on ne comprend pas forcément les motifs, tout en dénonçant leurs moyens technologiques. Pas étonnant que les rôles féminins s’en sortent mieux : ils sont mieux écrits, plus aboutis. Niagara et ses chutes restent, depuis Marilyn, un décor pour les tragédiennes.

Le réalisateur fourmille de bonnes idées et détourne quelques codes. Ainsi, le film captive, superficiellement. Mais cette fin si convenue, l’absence d’explication des motifs au profit de la déflagration que l’absence de la fille a provoqué, cette obsession « egoyenne » du voyeurisme sans que l’on n’en comprenne le sens réel transforme l’objet de curiosité en œuvre figurative. Le polar patine. Comme si après avoir voulu s’adresser à des cinéphiles un peu exigeants, il se compromettait à vouloir plaire à un public gavé de feuilletons policiers.

vincy



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