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La fille du 14 juillet

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 05.06.2013


FILLES PERDUES, GARS UN PEU GRAS





Il faut l’avouer, lorsque le film commence, on rit rapidement aux éclats une ou deux fois ; dépaysés par un humour qui semble - du moins les cinq premières minutes - un peu audacieux et plein de fraîcheur. Pris par la surprise, par la simplicité du décor, on se dit que l’on va éventuellement passer un bon moment devant ce qui semble être un univers kitsch et bon enfant.

Les apparences sont hélas trompeuses. Rapidement le vide scénaristique et la vulgarité de cette petite comédie estivale tourne au vinaigre, oscillant entre blagues potaches et un humour à la fois noir et gras qui donne finalement assez rapidement la nausée par ce mélange improbable et d’assez mauvais goût.

En effet, cette comédie sent les pages de bandes-dessinées de mauvais goût en manque de bons gags. Pour aller vite, c’est une espèce de Gaston Lagaffe mixé à Fluide glacial et aux Pieds nickelés. Autant dire que le mélange qui surgit de cet évident manque d’inspiration n’est pas très heureux et même la présence du charismatique-dans-le-genre-pommé Vincent Macaigne ne suffit pas à combler les excès écœurants de cette comédie ratée.

Ce dernier incarne un médecin qui exerce sans diplôme et se retrouve à la rue, recherché par la police; son copain s’est aussi retrouvé sans emploi parce qu’il était gardien de musée et a fait tomber une statue de « trois milles ans et deux mois ».
Ils décident donc de partir en vacances avec deux filles perdues aux cheveux gras, une blonde et une brune répondant au doux nom de "Truquette". Elles ne sont pas dénuées de charme, juste de matière grise. Le frère obèse de la blonde rejoint cette malheureuse équipe et les voilà partis sur l'autoroute dans une ambiance "very bad trip".

A partir de là, le film est un petit calvaire nihiliste supportable mais pénible où au final on grimace plus qu'on ne rit devant cette accumulation de farces affligeantes. Celle-ci est en plus doublée d'un regard brouillon sur la société et ses affres, qui se voudrait d'un humour fin comme une esquisse de Plantu, mais qui parvient juste à être suffisamment pathétique pour que l'on éprouve une compassion à cette affligeante médiocrité.

Au travers de cette absence de profondeur, les moments absurdes se succèdent sans aucune efficacité humoristique ni perspicacité narrative dans une sorte de médiocrité cynique et assumée mais dont on comprend mal l’intérêt dans la mesure où elle n’est jamais retournée sur elle-même et se traîne de bout en bout avec une autosatisfaction agaçante. N'est pas Kerven et Delépine qui veut.

D’autant plus que les blagues débitées par les protagonistes et les situations jouées frisent souvent le ridicule et la débilité profonde. Dans le film, un mec perd un doigt, ensuite il perd son bras, ensuite il perd la tête : détours attendu et chute sans fin d’une mauvaise blague. On ne le dira jamais assez : les plus courtes sont les meilleures, surtout quand elles sont lourdes.

C’est sans doute le genre de film qui se regarde avec un esprit dépouillé, un 14 juillet pluvieux.

jules



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