39-98 | 99 | 00 | 01 | 02 | 03 | 04 | 05 | 06 | 07 | 08 | 09 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19


 
 
Choix du public :  
 
Nombre de votes : 23
 












 
Partager    twitter



festival-cannes.com

 

Le monde vivant

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France


AMOUR COURTOIS





C’est drôle que l’on puisse être seuls et pourtant être deux.

Voir « Le monde vivant » d’Eugène Green, c’est pénétrer dans un univers radicalement différent de tout ce que l’on avait pu connaître jusqu’alors. A la fois subtile, loufoque et d’un extrême dépouillement sur le plan de la mise en scène, des décors et du jeu des acteurs. Un temps d’adaptation est nécessaire pour se familiariser avec les codes de narration élaborés par le réalisateur. Les comédiens parlent en prononçant toutes les liaisons, le vieux Français comme le langage moderne. Des « c’est qui ce mec ? » ou « t’as pas l’air en grande forme » succèdent à des phrases savamment construites, provoquant un décalage amusant. Il y a un grand travail sur les mots avec lesquels Eugène Green joue. Il est question pêle-mêle de sorcières lacaniennes, des lois Jules Ferry (« qui ont libéré les enfants de leurs parents »), de chaussures anti-bave de limace, d’histoires pour enfants et de preux chevaliers amoureux de gentes dames, pour lesquelles ils sont prêts à risquer leurs vies. Leur combat avec l’ogre, dont on ne voit que les pieds, les mains poilues et la massue, rappelle le côté absurde de l’humour du « Sacré Graal » des Monty Python (Green dit avoir eu comme référence cinématographique pour le duel, le film « Lancelot du Lac »). La parole est au cœur de cette fable initiatique : elle engage les protagonistes, les libère ou provoque le rire. Grâce à elle, un labrador peut jouer un lion, et par conséquent se mettre à rugir, juste parce que l’un des personnages a dit que ç’en était un. Il y a dans ce film deux grilles de lecture : l’une superficielle et légère, l’autre beaucoup plus profonde. S’arrêter au côté purement humoristique du texte serait passer à côté du vrai message que le cinéaste veut nous faire passer. Green aborde en réalité un sujet grave : la présence du spirituel dans notre monde. Un film qu’il faudrait visionner plusieurs fois pour arriver à déceler toutes les subtilités du langage.

(Vanessa)

Vanessa



(c) ECRAN NOIR 1996-2024