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Maniac

Sélection officielle - Séances spéciales
USA / sortie le 02.01.2013


DANS LA PEAU DU TUEUR





La terreur règne dans la ville, chaque jour des femmes meurent sauvagement assassinées. La police enquête, mais le maniaque continue son horrible collection… Le film original Maniac de William Lustig est l’histoire d’un des plus terrifiants tueurs en série du cinéma. Sur la jaquette d’une cassette VHS de l’époque il y avait même signalé en rouge la mention "strictement interdit aux moins de 18 ans". Le remake Maniac réalisé par Franck Khalfoun propose une expérience beaucoup plus intime avec l’assassin. Dans les rues qu’on croyait tranquilles, un tueur en série en quête de scalps se remet en chasse…

Toute l’originalité de ce Maniac moderne tien dans sa subjectivité : on regarde le tueur à travers ses yeux et la voix-off que l’on peut entendre n'est autre que ses pensées intimes. Les spectateurs sont dans sa tête, et l’identification peut même fonctionner pour les spectatrices (du moins autant que les autres films ayant utilisé cette technique comme Stange days, La femme défendue ou Enter the void…). On se retrouve alors à partager l’esprit malade d’un homme qui rencontre des femmes pour assouvir son besoin de les scalper. Le film compte plusieurs meurtres sanglants au couteau ou à la lame de rasoir, plusieurs scènes gores et brutales du meilleur effet qui feront détourner les yeux des plus sensibles.
Mais il n'y a pas que cette violence barbare. On découvre progressivement la personnalité tourmentée de ce maniaque et de sa lutte contre ses propres pulsions sanguinaires…

Remake

Si le remake d’un film se doit d’être une nouvelle version plus moderne mais aussi assez différente, le remake d’un film d’horreur obéit à une autre règle : il se doit d’être absolument plus violent que l’original. Les classiques du genre d’il y a une trentaine d’années avec leur manque de budget et d’outils numériques montrent certes des faiblesses, mais c’était leur pouvoir de susciter l’horreur qui en faisait tout leur impact. Massacre à la tronçonneuse (1974): l’original est un chef d’œuvre mais les différents remakes sont médiocres ; I spit on your grave (1978): l’original est rugueux, le remake est trop lisse ; La dernière maison sur la gauche (1972): l’original est habité par un défi à la morale mais le remake est plutôt vide de sens… Pour être meilleur et non pas une pale copie, un remake de film d’horreur doit suivre le mantra du genre : 'more blood'. Plus de sang, plus de sauvagerie, plus de folie, bref plus d’horreur, sinon à quoi bon ?
L’exercice du remake d’un film d’horreur est plutôt difficile, la dernière réussite en date est celui de La colline a des yeux de Wes Craven (1977) par les français Alexandre Aja et Gregory Levasseur (2006). C’est justement ce même duo qui est derrière la production du remake du Maniac de William Lustig (1980). Mais derrière la caméra, on retrouve ici leur complice Franck Khalfoun, déjà réalisateur d’un réjouissant 2ème sous-sol. Les grandes lignes de l’histoire sont identiques, les crimes ont lieu quasiment dans des endroits semblables. Ils ont changé la forme et l'apparence du tueur.

Le film de William Lustig demeure supérieur pour le malaise malsain qu’il procure, celui de Franck Khalfoun reste tout de même plus proche du divertissement qui "fait bien peur". L’acteur originel Joe Spinell (aussi scénariste) apparaissait d’emblée comme une menace avec son physique d’ogre aussi imposant que repoussant. Dans cette nouvelle version le prédateur a le physique inverse, celui d’un jeune homme presque adolescent et inoffensif : Elijah Wood. Un choix audacieux qui contribue à la bonne surprise du film : donner au monstre l’allure d’un ange est en même temps plus logique lorsqu’il approche ses victimes. En étant placé dans sa tête on ne le voit d’ailleurs que par fragments : son visage quand il se reflète dans un miroir, ses mains quand il tue (à guetter : son reflet avec un scalp dans une portière reproduit l’affiche de 1980). Elijah Wood a cette apparence de garçon mal grandi qui semble encore à la frontière entre l’enfant et l’adulte, ce qui est idéal pour rendre plus crédible son trauma qui le perturbe.

Maniac est plus qu’un simple remake, c’est autant un exercice de style qu’une relecture passionnante de l’œuvre originale. Après avoir été la sensation forte du Festival de Cannes en séance de minuit, dans le genre film d’horreur celui-ci est un de ceux qui feront sensation cette année.

kristofy



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