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The Mother

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
angleterre


FAMILLE, JE VOUS HAIS





La mère : Depuis quand es-tu devenu si froid ?
Le fils : Depuis quand es-tu devenue si chaude ?


The Mother, c’est le portrait d’une mère. Mais dans un sens, ce pourrait être celui de toutes les mères. Celles qui protègent, écoutent, réconfortent. Celles qui blessent, abaissent, trahissent ou sont tout simplement femmes avant d’être mères. En arrivant à Londres avec son mari, May est une grand-mère ordinaire, une épouse discrète et rangée. La ville l’impressionne, elle s’y sent perdue, dépassée par ce mouvement perpétuel de piétons, de voitures... Dépassée par la vie de sa fille, mère célibataire et écrivain qu’elle juge ratée, et de son fils, homme d’affaires aisé qui court de réunions en réunions, un portable vissé à l’oreille.

La mort de son mari va signer pour elle, la fin des faux-semblants et dans le même temps, l’explosion de la cellule familiale. Le décès d’un être comme révélateur et source de conflits est un thème qui avait été abordé dans Ceux qui m’aiment prendront le train (toujours de Patrice Chéreau, Women Shoulder Bags) avec, il est vrai, plus de légèreté. Dans le film de Michell, l’humour est noir, tranchant. La personnalité de May se dévoile peu à peu, dans toute sa complexité. Sa dureté derrière son apparente douceur de vieille femme, son égoïsme, sa peur de vieillir mais aussi sa fragilité. Ce sont ces mêmes faiblesses qui la rendent attachante à nos yeux.

D’une façon subtile, toujours sur le fil du rasoir, The Mother s’attaque à des tabous sociaux de taille : la sexualité d’une mère perçue à travers les yeux de ses propres enfants, les ébats d’une femme au corps abîmé par le temps avec un homme dans la fleur de l’âge, l’absence d’amour qu’elle porte à sa progéniture (l’instinct maternel ne serait donc pas quelque chose de systématique). Le cinéaste nous montre sans pudeur les relations sexuelles de May et de Darren, et filme avec brio l’absence de son mari en quelques plans simples qui rappellent parfois Sous le sable de François Ozon. May seule sur son lit, immobile, une lumière blanche qui entre timidement dans la chambre, une chaise vide dans la cuisine, les charentaises de son époux qui n’ont pas changé d’emplacement… Il a su capter la renaissance de cette femme sublimée par l’amour et le sexe. La transformation se fait naturellement dans la douleur sans que le film ne tombe pour autant dans le pathos. C’est simple, brillant et porté par le jeu d’une actrice lumineuse, Anne Reid qui incarne avec retenue et justesse cette sexagénaire à la croisée des chemins entre une lente et petite mort et la vie.

(Vanessa)





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