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Martha Marcy May Marlene

Certain Regard
USA / sortie le 29.02.2012


L'EMPRISE DU MÂL(E)





«- Tu ne peux pas entrer quand on fait l’amour. C’est pas normal. C’est intime.»

On ressort mal à l’aise de Martha Marcy May Marlene (qu’on abrègera ici en 4M si vous n’y voyez pas d’inconvénient), et c’était sans doute l’objectif du réalisateur Sean Durkin.

Le sujet, déjà, n’a rien de consensuel. Une fille cherche à s’échapper d’une communauté, qui a surtout des allures de secte. Le traitement n’est pas plus binaire. L’atmosphère étrange reflète des individus dérangés. Tout est diffus, tendu.

Elizabeth Olsen, belle révélation, joue parfaitement la fille perturbée et paumée entre les deux mondes : celui qu’elle fuit au départ (et qu’elle tente de retrouver à l’arrivée) – une Amérique morale, matérialiste, normalisée – et celui auquel elle adhère - une communauté alternative basée sur le retour aux vraies valeurs, le sexe, le développement personnel. Mais les deux sont extrêmes, et l’épanouissement impossible. Au sein de la secte, sorte de Kolkhoze autosuffisant et alter-écologiste, isolé, les hommes et les femmes sont séparées. Elles sont en libre-service pour les besoins sexuels des hommes, dont le charismatique John Hawkes en tête, qui s’occupent à laver les cerveaux et propager leur idéologie.

On vous l’a dit : ce n’est pas très plaisant comme portrait. Pourtant « 4M » essaye de montrer à quel point les deux sociétés, à l’opposée l’une de l’autre, sont dans une impasse. Qu’on se retire d’un environnement à base de compétition et d’argent ou qu’on s’y soumette n’aboutit jamais à la liberté individuelle.

De l’initiation à la révolte, Durkin film sans artifice une vie de partouzes et de sermons, de soumissions et de résignations. Une forme d’esclavagisme dont le libre-arbitre est la seul clef des champs…

Mais, désabusé, le cinéaste fait un virage vers Haneke. Funny Games pas drôles. La secte dévie vers le groupuscule terroriste. Le message devient bancal. L’héroïne débloque. Il faut la toute dernière séquence pour nous rattraper : une poursuite sans fin, en suspens, paranoïaque, fantasmée ou réelle, libre d’interprétation. La conscience alternative comme une menace permanente ? La secte qui s’incruste dans sa mémoire à jamais ? La mort au bout ? Cette « mort qui est le meilleur moment de la vie » ? Nihiliste… Ce qui ne peut pas séduire tout le monde.

vincy



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