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Hors Satan
Certain Regard
France / sortie le 19.10.2011
LE MAL RODE
�- Bon, il faut que j’y aille.�
La représentation est la source de vie du cinéma. Son encrage dans une réalit� donnée lui profère une puissance particulière que Bruno Dumont sait capter. Hors Satan ne déroge pas � la règle. Bien au contraire. Il triture, malaxe, expose puis déploie l’immatériel en actes concrets, saisissants tableaux d’émotion qui nous submergent. Hors Satan parle de foi. Pas de religiosit�.
Le film aborde l’humain dans un rapport au bien et au mal universel dans sa valeur performative. Par ce biais il ne juge pas, ne prône aucune morale, n’essaie pas non plus de distiller autre chose que ce qu’il veut nous dire. La vérit� énoncée, souvent âpre, devient factuelle, presque simpliste, toujours abrupte. En filmant son histoire dans un coin perdu du Nord de la France, Dumont plante un décor, crée le réceptacle de ses interventions pour nous conter des évènements forts aussi réalistes que messianiques. Et c’est ce rapport � la réalit� des circonstances qui fait mouche, nous touche ou nous choque, c’est selon. Mais il y a autre chose.
Pour la première fois le réalisateur mélange naturalisme et surnaturel par l’intermédiaire d’un SDF itinérant dou� de talents rares décid� � protéger une femme dont les sentiments l’ont abandonn�. Cet homme au regard profond devient la main tendue contre le mal, cet illusionniste divin capable d’exorciser une fillette, d’éteindre un feu de forêt, d’absorber le mal par un baiser ou de réaliser des miracles. Et de miracle il en est question. Car si le mal existe, la bont� aussi. La générosit� également. Il s’agit d’accepter un monde et d’agir en fonction. Toujours en fonction. Et non pas selon une morale préétablit. En ce sens, Hors Satan est viscéralement non croyant, malgr� les accomplissements du � gars �. Le film déborde également du cadre classique par sa mise en forme. La beaut� de certains plans montre l’évolution du travail de mise en scène du réalisateur français. Quasi muet, minimaliste, limite ascétique, Dumont soigne ses plans � pour la plupart larges et serrés � en magnifiant une géographie singulière qui participe pleinement au ton � la fois abrupte et contemplatif du métrage.
L’absence de musique, remplacée par une prise de son direct saisissante, offre aux faits et gestes de chaque protagoniste une force de conviction inoubliable.
Le sixième long-métrage du cinéaste est une œuvre puissante sur la nature humaine. Aussi bien dans sa sociologie coutumière que dans ses aspirations d’étranget�.
geoffroy
 
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